ḤASSĀN IBN THĀBIT (563 env.-env. 660)
Poète arabe de la tribu médinoise des Khazradj, Ḥassān ibn Thābit serait né vers 563. Il composa plusieurs éloges en l'honneur des souverains Ghassanides de Syrie et Lakhmides de Ḥīra. On ignore la date et les circonstances de sa conversion à l'islam. Parmi les poèmes qui lui sont attribués, on trouve un thrène à la gloire des martyrs musulmans de la bataille de Uḥud et trois pièces célébrant Mahomet. Ḥassān ibn Thābit prendra plus tard le parti du calife ‘Uthmān. Après l'assassinat de ce dernier, il se rendra auprès de Mu'āwiya, futur fondateur de la dynastie umayyade. Mais sa gloire est désormais passée. Il meurt aux alentours de 660.
Des doutes justifiés ont été émis sur l'authenticité d'une partie des deux mille vers attribués à ce poète. L'œuvre a souffert d'avoir été longtemps transmise oralement. Elle a sûrement été remaniée pour s'ajuster à l'image du chantre de la nouvelle religion qui devient peu à peu celle de Ḥassān. On ne sait, par exemple, que penser des nombreuses réminiscences coraniques que l'on trouve dans ces textes, alors qu'il y a peu de traces de représentations liées au préislam (Djāhilīya). Le bédouinisme de la langue, fortement marqué d'ailleurs par la sédentarité de certains thèmes, ne suffit pas à authentifier toutes les pièces qui nous sont parvenues.
Ces réserves étant faites, il n'en faut pas moins apprécier l'importance de Ḥassān dans la conscience culturelle arabe. En fait, il s'agit plus d'un représentant de l'imaginaire islamique que d'un auteur historiquement identifiable. Car il est l'exemple d'un poète influent de la Djāhilīya qui se met au service de l'islam, chante ses morts et stigmatise l'impiété de ses ennemis. Un ralliement de ce type est évidemment important. Il représente les Anṣār, alliés médinois du Prophète, qui se posent comme les défenseurs légitimes de la foi. Il est l'incarnation d'une culture ancienne et le panégyriste de grands souverains arabes ; sa langue trouve son origine dans ce lointain passé. Authentiques ou apocryphes, ses poèmes sont parfaitement représentatifs d'une écriture et d'une époque. La langue en est simple et forte, les images puissantes, le rythme soutenu. Certains thrènes, adressés à la mémoire du calife ‘Uthmān assassiné, sont particulièrement beaux.
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Écrit par
- Jamel Eddine BENCHEIKH : professeur à l'université de Paris-IV
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