HATA CHITEI (XIe s.)
Origine des vies imagées du prince Shōtoku
Régent de 593 à 622, Shōtoku Taishi est l'une des grandes figures de l'histoire du Japon. Habile politicien, protecteur des arts et des lettres, il fut encore le véritable fondateur et propagateur du bouddhisme au Japon. Après sa mort, il entra dans une légende dorée, qui alla s'amplifiant au fil des siècles. Avec sa part de réel mêlée au merveilleux, cette vie prit bientôt un caractère très semblable à celle de Śākyamuni. La vénération populaire entraîna rapidement une abondance de statues, de portraits et d'hagiographies, ainsi que des peintures narratives.
La pratique chinoise des peintures narratives destinées à l'enseignement de la doctrine bouddhique s'était diffusée fortement au Japon. Très vite, la vie de Shōtoku devint un sujet privilégié de cette peinture religieuse. C'était le cas de la peinture murale du Shitennō-ji, monastère d'Ōsaka. Exécutée vers 760-770, elle connut un renom tout particulier durant la période Heian. Quant à la peinture de Hata Chitei, on peut présumer, à défaut même de preuves formelles, qu'elle servit, elle aussi, à l'enseignement bouddhique : l'usure qui s'y est marquée à certains endroits laisse supposer que le moine prêcheur y promenait sa baguette quand il commentait pour les fidèles les faits et gestes du prince.
On a même longtemps pensé que la peinture du Hōryū-ji était, sinon copiée, du moins dérivée de celle du Shitennō-ji, d'autant plus que Hata Chitei était originaire de la région où s'élève le Shitennō-ji. Mais en fait, l'hypothèse est infirmée à plusieurs chefs : en effet, l'œuvre de Hata Chitei est, par son style, manifestement tributaire de son époque, le xie siècle, et, d'autre part, elle traite de l'existence historique de Shōtoku, alors que, selon les documents, il s'agissait au Shitennō-ji de ses vies antérieures. L'œuvre semble donc bien une création originale.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Chantal KOZYREFF : conservatrice des collections Japon, Chine et Corée aux Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, gestionnaire des musées d'Extrême-Orient
Classification