- 1. Un grand archipel volcanique
- 2. Un climat tropical original
- 3. Un archipel polynésien tardivement découvert
- 4. Les grandes transformations de l'archipel au XIXe siècle
- 5. Les Hawaii, territoire des États-Unis
- 6. La Seconde Guerre mondiale et l'accession au rang d'État
- 7. Les transformations récentes de l'économie hawaiienne
- 8. Tourisme, bases militaires et transferts financiers : les fondements de la prospérité économique
- 9. Honolulu
- 10. Une société pluriethnique
- 11. Bibliographie
HAWAII
Les Hawaii, territoire des États-Unis
Les dernières décennies du xixe siècle sont marquées par une distorsion de plus en plus accentuée entre la vie politique de l'archipel, qui reste centrée sur la monarchie indigène, même devenue constitutionnelle, et la réalité de l'évolution économique et humaine, qui concentre le pouvoir économique aux mains des étrangers blancs (haoles) et qui submerge les indigènes sous les vagues successives d'immigrants. Contestée à plusieurs reprises déjà, la royauté, représentée en l'occurrence par la reine Liliuokalani, ne put faire face en 1893 à une nouvelle insurrection soutenue par le consul des États-Unis et quelques troupes. Même si le gouvernement américain refusa dans un premier temps l'annexion des Hawaii que lui proposaient les insurgés, ceux-ci attendirent simplement un changement politique sur le continent en instaurant une république (1893-1898). La victoire à Washington des républicains et le déclenchement de la guerre contre l'Espagne, qui mettait en valeur l'importance stratégique des Hawaii dans le Pacifique, leur donnèrent raison, et, en 1898, les Hawaii devenaient un territoire des États-Unis, administré pour l'essentiel par le Congrès de Washington et par un gouverneur nommé par le président.
L'affirmation définitive du destin américain des Hawaii se traduisit d'abord par le renforcement considérable de la puissance des plantations, avec deux piliers essentiels : la canne à sucre, qui, dès 1931, atteignit le million de tonnes de sucre brut, le dixième de la consommation américaine, et l' ananas pour la fabrication de conserves à partir des années 1910, pour laquelle les Hawaii acquirent un quasi-monopole qui dura jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : les Hawaii fournissaient encore 74 p. 100 de la production mondiale de conserves d'ananas en 1950. La canne à sucre était produite dans le cadre de grandes plantations de plusieurs milliers d'hectares, qui elles-mêmes étaient regroupées, d'une part, au sein de l'Hawaiian Sugar Planters' Association (H.S.P.A.) qui gère toujours une station expérimentale de réputation mondiale et, d'autre part, sous la dépendance de cinq grosses sociétés (Big Five) basées à Honolulu, qui contrôlaient en commun les transports vers la Californie (Matson Navigation Co.), le raffinage du sucre (Crockett dans la baie de San Francisco), mais aussi toutes les grandes activités économiques et services de l'archipel. Une partie des plantations d'ananas appartenait directement à de grands producteurs continentaux (Libby's, Del Monte, etc.), le reste à des sociétés locales (Dole). La domination économique des Big Five dans les îles Hawaii était d'ailleurs le reflet de la domination, au sein d'une société fortement hiérarchisée et paternaliste, d'une aristocratie haole dont l'ossature était formée par les descendants des missionnaires puritains arrivés dans la première moitié du xixe siècle. Cette société coloniale n'était cependant pas figée : l'éducation publique, par la généralisation de la pratique de l'anglais et par la promotion des valeurs fondamentales de la civilisation américaine, rencontra un très vif succès auprès des fils et petits-fils d'immigrés orientaux nés aux Hawaii, donc citoyens américains et désireux de s'américaniser au maximum ; parallèlement, leur poids électoral commença à s'accroître de façon considérable dans les années 1930, au détriment notamment des Hawaiiens et des métis.
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Écrit par
- Christian HUETZ DE LEMPS : professeur, directeur de l'UFR de géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
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