HÉCATE
Astérie, « l'Étoilée », fille du Titan Coios et de sa sœur Phoibé « la Brillante », unie à Persès, eut une fille unique, Hécate, unique en effet par la nature et l'étendue de son pouvoir : « Car, de tous ceux qui sont nés de la Terre et du Ciel et qui ont obtenu leur part d'honneur, d'eux tous elle a le lot » (Hésiode, Théogonie, 420 sqq.). Or Zeus, victorieux de Cronos, confirme ce partage titanesque, et même « l'honore entre toutes », « la révère ». Aussi a-t-elle en partage la terre, la mer, avec le ciel, et tout pouvoir sur les hommes ; à l'agora, au tribunal, comme à la guerre et aux jeux, pour les marins comme dans les étables, elle fait « en toute facilité... ce que veut son cœur » : ces termes, répétés neuf fois dans les quelque quarante vers de la Théogonie qui parlent d'Hécate, disent l'immédiateté de son pouvoir absolu, qui peut donner pour reprendre aussitôt, faire de peu beaucoup et de plus moins. On comprend comment ce pouvoir a paru magique, et pourquoi une tradition plus tardive en a fait la mère des magiciennes Médée et Circé. Elle apparut alors sous une forme animale, jument, chienne, ou louve, suivie d'une meute hurlante — les chiens lui sont consacrés —, et on honora sa statue à trois têtes (Séléné, Artémis et Perséphone qu'elle a protégée lui sont alors assimilées) aux carrefours des routes. Ainsi la déesse gaie, au bandeau luisant et qui porte flambeau (cf. Homère, Hymne à Déméter, V, 24 sq., 52 sqq.), celle qui nourrit la jeunesse (Théogonie, 450) et la sorcière ne font qu'une : Hécate est nuit, et non pas la « noire Nuit » issue du Chaos et mère de la Mort, mais la nuit étoilée, propice et redoutable, la part commune des Titans que même les Olympiens lumineux doivent respecter.
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Écrit par
- Barbara CASSIN : chargée de recherche au C.N.R.S.
Classification
Autres références
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GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - La religion grecque
- Écrit par André-Jean FESTUGIÈRE et Pierre LÉVÊQUE
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