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BERLIOZ HECTOR (1803-1869)

Les voyages en Russie et à Londres

Une fois de plus, il quitte la France : invité en Russie, où le public et la jeune école russe lui sont acquis, il fait notamment entendre, de février à juillet 1847, à Saint-Pétersbourg et Moscou, Roméo et Juliette, ainsi que les deux premières parties de La Damnation de Faust. Puis il séjourne à Londres, alors qu’éclate en France la révolution de 1848, honnie par le compositeur pour la désorganisation qu’elle entraîne dans toutes les structures de la société et les ravages qu’elle crée dans la vie musicale et artistique. Les Mémoires, que Berlioz commence à cette époque, sont symboliquement datés de « Londres, 21 mars 1848 » – Londres que Berlioz présente comme son dernier refuge dans un monde qui s’écroule.

Aussi Berlioz accueille-t-il avec une sorte d’enthousiasme le coup d’État du 2 décembre 1851. Sans que l’empereur lui ait jamais manifesté un réel appui, une période très active s’ouvre pourtant, pendant laquelle le compositeur s’engage dans des charges officielles. Après avoir fait partie du jury de l’Exposition universelle de 1851, il reçoit une commande impériale pour celle de 1855 : préparer les cérémonies de clôture et la distribution des prix – occasion d’organiser trois « concerts monstres » au cours desquels on entendra la cantate L’Impériale. En 1852, année où Berlioz fait paraître son premier recueil de feuilletons, Les Soirées de l’orchestre, le compositeur assiste à une première « semaine Berlioz » que Liszt organise pour lui à Weimar : on y donne une version remaniée de Benvenuto Cellini, occasion pour le musicien de voir ressuscitée cette œuvre qu’il chérit. Enfin, signe d’une reconnaissance institutionnelle, il accède à l’Institut, où il est élu le 21 juin 1856, à l’issue de sa cinquième candidature.

Pendant les voyages qu’il effectue en Allemagne, en 1853 et 1854, Berlioz a donné une œuvre en style ancien, La Fuite en Égypte, dont un extrait, « L’Adieu des Bergers », avait été joué en 1850 à Paris, sous le nom d’un prétendu compositeur du xviie siècle, Pierre Ducré, dont Berlioz avait en fait inventé l’existence. L’œuvre connaît un succès unanime : Berlioz dévoile alors la supercherie et développe la pièce, cette fois sous son propre nom, pour aboutir à l’un de ses plus grands succès, L’Enfance du Christ, à la fin de 1854.

Cette même année, un événement contribue à la réorganisation de la vie de Berlioz : alors que le 3 mars disparaît sa première épouse, Harriet Smithson, Berlioz officialise sa relation avec Marie Recio qu’il épouse le 19 octobre.

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Écrit par

  • : directrice d'études, École pratique des hautes études

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<em>Un concert à mitraille et Berlioz</em>, d’après J. J. Grandville - crédits : Stefano Bianchetti/ Corbis/ Getty Images

Un concert à mitraille et Berlioz, d’après J. J. Grandville

<em>Faust cherchant à séduire Marguerite</em>, E. Delacroix - crédits : Heritage Arts/ Heritage Images/ Getty Images

Faust cherchant à séduire Marguerite, E. Delacroix

<em>Les Troyens</em> de Berlioz, mise en scène de D. Tcherniakov - crédits : Pascal Victor/ ArtComPress

Les Troyens de Berlioz, mise en scène de D. Tcherniakov

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