DORION HÉLÈNE (1958- )
La poétesse, romancière et éditrice québécoise Hélène Dorion est surtout célèbre pour son œuvre poétique, traduite en plus de quinze langues, qui lui vaut d’être célébrée comme une des grandes figures de la poésie francophone contemporaine.
De la philosophie à la littérature
Née le 21 avril 1958, à une époque où le Québec subit encore la « Grande Noirceur » d’un régime politique soumis à la figure réactionnaire du Premier ministre Maurice Duplessis (1890-1959), Hélène Dorion a grandi à Sainte-Foy, située en banlieue de la ville de Québec, où elle a passé son enfance. Le nom de cette commune, tout comme celui de son école, Notre-Dame-de-Bellevue, témoigne de cette forte prégnance catholique sur la province canadienne. Toutefois, à l’instar d’une société qui évolue, à compter de 1960, à la faveur de la « Révolution tranquille », Hélène Dorion s’ouvre à des disciplines émancipatrices. Elle obtient un baccalauréat de philosophie de l’université Laval (Québec) en 1980, avant de s’engager dans une maîtrise de lettres.
Ainsi, la future poétesse ne se contente pas d’emprunter une seule voie : ses lectures, de Nietzsche à Camus, l’invitent à considérer l’écriture philosophique comme relevant de la création littéraire. Son besoin choix de l’évocation et des images pour appréhender autrement le monde s’exprime précocement tandis que le véritable passage à l’acte poétique se déclenche, au début des années 1980, en découvrant l’œuvre de son compatriote Jacques Brault (1933-2022). Son premier recueil, L’Intervalle prolongé (1983), paraît alors qu’Hélène Dorion est âgée d’à peine vingt-cinq ans. À la même époque, elle s’installe dans le paysage forestier des Laurentides, une région située au nord de Montréal, où elle enseigne la littérature au cégep (équivalent du lycée, au Québec) de Saint-Jérôme, de 1984 à 1990.
La création poétique d’Hélène Dorion commence à retenir l’intérêt des revues littéraires francophones. Au cours de l’année 1990, La Vie, ses fragiles passages est publié en France, qui regroupe une sélection de trois recueils précédents, Hors champ (1985), Les Retouches de l’intime (1987) et Les Corridors du temps (1988). D’écrivaine, mais aussi de lectrice, Hélène Dorion passe également au statut d’éditrice, puisqu’elle dirige les éditions du Noroît, de 1991 à 2000. Elle tend à y valoriser la poésie québécoise, comme le confirme sa présentation, dans le cadre d’une anthologie, d’un choix de textes que l’on doit à l’un des plus éminents poètes québécois, Hector de Saint-Denys Garneau (1912-1943).
Devenue une référence dans le champ de la poésie francophone, Hélène Dorion est conviée en 1994 à la Biennale internationale de poésie de Liège avant de participer à de nombreux colloques et festivals, au Québec et en Europe Sa création bénéficie d’un couronnement critique et institutionnel en 2005, lorsqu’elle devient la première Québécoise distinguée par l’académie Mallarmé. Son recueil Ravir : les lieux (2005) lui vaut, de l’autre côté de l’Atlantique, le prestigieux prix du gouverneur général du Canada, qui lui est décerné l’année suivante.
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Écrit par
- Antony SORON : maître de conférences, habilité à diriger des recherches, formateur agrégé de lettres à l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation, Sorbonne université
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Média
Autres références
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MES FORÊTS (H. Dorion) - Fiche de lecture
- Écrit par Antony SORON
- 1 477 mots
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Publié en 2021 aux éditions Bruno Doucey, Mes Forêts constitue le dix-neuvième recueil de poésie d’Hélène Dorion. Lauréate de nombreux prix littéraires – dont le prestigieux prix du gouverneur général du Canada, en 2006, pour son recueil Ravir : les lieux, et le prix Athanase-David,...