HÉLIOCENTRISME
On désigne par héliocentrisme le système cosmologique qui place le Soleil au centre du monde, la Terre prenant sa place entre Vénus et Mars, tournant sur elle-même et faisant une révolution autour du Soleil comme les autres planètes.
Du géocentrisme à Copernic
De l'Antiquité à la Renaissance, le système géocentrique a dominé sans partage l'astronomie occidentale. Certes, quelques philosophes présocratiques s'écarteront de ce schéma traditionnel. Ainsi, pour le pythagoricien Philolaos (fin du vie-début du ve siècle av. J.-C.), c'est, sinon le Soleil, du moins le feu qui occupe le centre du monde. De plus, c'est un autre feu qui tout là-haut constitue l'enveloppe de l'univers. Pour Philolaos, le milieu est par nature premier, et autour de lui dix corps divins mènent leur ronde : la sphère étoilée, puis les cinq planètes, auxquelles il ajoute le Soleil, et, sous le Soleil, la Lune, sous la Lune, la Terre, et sous la Terre, l'anti-Terre. La raison d'être de l'anti-Terre est purement idéologique : pour les pythagoriciens, il faut qu'il existe un dixième corps céleste pour que soit réalisée la décade, nombre parfait ! On sait également, par Cicéron, qu'un autre pythagoricien, Hicétas de Syracuse, a envisagé un mouvement pour la Terre. Dans les Premiers Académiques, Cicéron écrit : « Selon Théophraste, Hicétas de Syracuse est d'avis que la voûte céleste, le Soleil, la Lune et les étoiles, en un mot tout ce qui se trouve au-dessus de nos têtes, sont fixes et que rien dans l'univers ne se meut, hormis la Terre : c'est parce que la Terre tourne et pivote sur son axe à très grande vitesse que tout se passe comme si, la Terre étant fixe, c'était la voûte céleste qui était en mouvement. » (Premiers Académiques,[Lucullus], II, XXXIX, 123). Et, selon le doxographe Aétius, Héraclide du Pont (ive siècle avant notre ère) et encore un pythagoricien, Ecphantos, confèrent à la Terre un mouvement, non pas de translation, mais de rotation. Nous sommes encore loin de l'héliocentrisme de Copernic.
Toutefois, il existe un cas d'héliocentrisme « copernicien » dans l'Antiquité : celui d'Aristarque de Samos au iiie siècle avant notre ère. Et l'on peut légitimement se poser la question de savoir si Copernic s'en est inspiré. Beaucoup répondent positivement sans même en contrôler la possibilité ! Certes, au temps de Copernic, Aristarque était connu, et Copernic le connaissait, mais par le seul traité de lui qui nous soit parvenu : Sur les dimensions et sur les distances du Soleil et de la Lune. L'héliocentrisme d'Aristarque n'a été sauvé de l'oubli que par l'allusion qu'en fait Archimède dans son Arénaire, ouvrage lui-même sauvé de l'oubli par deux manuscrits et édité, à Bâle, en 1544... un an après la mort de Copernic. L'allusion d'Archimède à cet héliocentrisme se réduit à l'essentiel du système d'Aristarque, à savoir l'échange des positions du Soleil et de la Terre et l'immobilité de la sphère des fixes.
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Écrit par
- Jean-Pierre VERDET : astronome à l'Observatoire de Paris
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