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LACHENMANN HELMUT (1935- )

Le compositeur allemand Helmut Friedrich Lachenmann naît le 27 novembre 1935 à Stuttgart. De 1955 à 1958, il accomplit ses études musicales à la Musikhochschule de sa ville natale, où il a notamment pour professeurs le compositeur autrichien Johann Nepomuk David (théorie et contrepoint) et Jürgen Uhde (piano). De cette époque datent le cycle pianistique Fünf Variationen über ein Thema von Franz Schubert (« Cinq Variations sur un thème de Franz Schubert », 1956) et le Rondo, pour deux pianos à quatre mains (1957), dédié à David.

C'est en 1957 que, assistant pour la première fois aux cours d'été de Darmstadt, Lachenmann se noue d'amitié avec Luigi Nono, dont il devient l'élève à Venise de 1958 à 1960. Sous l'influence du maître italien naissent Souvenir, pour quarante et un instruments (1959), et Due Giri, deux études pour orchestre (1960). En 1963 et 1964, il poursuit son apprentissage à Cologne, sous la férule de Karlheinz Stockhausen. Il se familiarise avec l'électronique au Studio de psychoacoustique et de musique électronique de l'université de Gand (Scenario, pour bande magnétique, 1965).

Lachenmann va dès lors tenter une synthèse critique entre le postsérialisme, la musique expérimentale des années 1960-1970 et l'aléatoire. De cette réflexion naîtra sa conception tout à fait personnelle du matériau sonore et la décision de composer une musique faite de bruits produits par des instruments classiques. Et ce sont Introversion I, pour clarinette, trompette, percussions, harmonium, harpe et contrebasse (1963, révisé en 1966), et sa version aléatoire Introversion II (1964), temA, pour flûte, mezzo-soprano et violoncelle (1968), Air, pour grand orchestre et percussion soliste (1969), Kontrakadenz, pour orchestre (1970), et Gran Torso, pour quatuor à cordes (1972, révisé en 1978 et en 1988) ; avec ces trois dernières partitions, Lachenmann aboutit à la certitude qu'il lui faut dépasser le concept de beauté en musique. Pour ce faire, le compositeur découpera les textes sur lesquels sa musique s'appuie parfois, brisant le langage en syllabes et phonèmes – ainsi dans Les Consolations, pour seize voix mixtes, orchestre et bande magnétique (1967-1978), sur des textes de Hans Christian Andersen (La Petite Fille aux allumettes), Ernst Toller (Masse-Mensch) et la prière de Wessobrunn (ixe siècle) –, et s'appuiera sur la citation envisagée en tant que « pré-texte », comme dans Accanto, pour clarinette soliste et orchestre (1976, révisé en 1982) – où le matériau préexistant est extrait du concerto pour clarinette de Mozart –, dans Tanzsuite mit Deutschlandlied, pour quatuor à cordes soliste et orchestre (1980), ou dans Harmonica, pour grand orchestre et tuba solo (1983). À ces techniques, Lachenmann ajoutera l'exploration perceptive, anatomique, du phénomène sonore, des modes de production des sons habituellement ignorés voire rejetés par l'écriture traditionnelle. Une voie dans laquelle l'avait précédé par exemple Hector Berlioz lorsque le compositeur français mettait à profit la technique du col legno et bien d'autres manières de produire des sons musicalement signifiants à partir d'instruments « classiques ». Mais Lachenmann utilisera comme squelettes tout autant des rythmes, rendus méconnaissables grâce à la transformation des sons que le compositeur découvre à partir d'un instrumentarium traditionnel : Mouvement (-vor der Erstarrung), pour quinze instruments (1984), Ausklang, pour piano et orchestre (1986), Tableau, pour orchestre (1989), le Deuxième Quatuor à cordes « Reigen seliger Geister » (1989), le Troisième Quatuor à cordes « Grido » (2001), Concertini, pour grand ensemble (2005), GOT LOST,pour soprano et piano (2008), Concerto pour huit cors et orchestre (2011)...

Imité mais inimitable, Lachenmann explore ainsi une[...]

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

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