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WALCHA HELMUT (1907-1991)

Le nom d'Helmut Walcha reste indissociable de l'œuvre de Jean-Sébastien Bach, dont il a enregistré à deux reprises l'intégrale de la musique d'orgue ainsi que les grands cycles pour clavecin.

Né à Leipzig le 27 octobre 1907, il perd la vue à l'âge de seize ans à la suite d'une vaccination antivariolique défectueuse. Il avait abordé la musique à douze ans avec le piano et le violon, mais il se tourne vers l'orgue, qu'il étudie au conservatoire de Leipzig (1922-1927) avec Günther Ramin, un des successeurs de Bach à Saint-Thomas, qui lui révèle la musique du cantor et l'élève dans sa plus pure tradition d'interprétation en le prenant comme assistant (1926-1929). En 1929, Walcha est nommé organiste de la Friedenskirche à Francfort-sur-le-Main, où il donne des soirées de musique d'orgue, pratique alors inconnue dans cette ville. Ces Frankfurter Bachstunden sont des auditions commentées qui remportent un succès considérable. En 1933, il commence à enseigner au conservatoire de Francfort ; en 1938, il est nommé professeur à la Musikhochschule de Francfort, où il fonde, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, un institut pour la musique d'église. Parmi ses élèves figure Wolfgang Rübsam. En 1946, il quitte la Friedenskirche pour la Dreikönigskirche, dont il sera titulaire de l'orgue jusqu'en 1981. Il est l'un des premiers organistes à choisir des instruments aussi proches que possible de ceux qu'avaient connus Bach et ses contemporains. Il est aussi l'un des premiers organistes à faire découvrir la musique des prédécesseurs de Bach, comme Dietrich Buxtehude, Georg Böhm, Nicolaus Bruhns, Vincent Lübeck, Franz Tunder ou Samuel Scheidt. Il développe rapidement une importante carrière internationale (premier-concert à Londres en 1955 ; à Paris, il joue souvent à Saint-Séverin) que consacrent de nombreux disques : dès 1947, il commence à enregistrer pour Archiv Produktion sur les principales orgues baroques d'Allemagne du Nord, dont la Deutsche Grammophon souhaite conserver le son. Certains disques sont réalisés à Strasbourg et à Alkmaar, aux Pays-Bas. En 1956, avec sa propre édition de L'Art de la fugue, c'est lui qui grave le premier disque stéréophonique réalisé par le même éditeur. Outre la musique d'orgue de Bach, dont il achève sa seconde intégrale en 1971, il enregistre le Clavier bien tempéré et ses principales suites pour clavecin ainsi que les Sonates pour violon et clavecin avec Henryk Szeryng. Il cesse d'enseigner en 1972 et donne son dernier concert en 1981. Il meurt à Francfort le 11 août 1991.

Walcha possédait une connaissance encyclopédique de la musique de Bach, qu'il avait apprise en l'écoutant partie par partie, ce qui explique la clarté de ses interprétations. Elle constituait la base de son activité de musicien, organiste ou claveciniste, et il a largement contribué au renouveau de l'interprétation de ce répertoire. Mais, contrairement au mouvement qui s'est dessiné en France dans les années 1960 par réaction contre l'emprise de l'école néo-franckiste et l'omniprésence de la facture Cavaillé-Coll, Walcha a pu concilier évolution et tradition. Les instruments baroques allemands n'avaient pas subi de modifications aussi radicales que les instruments français, et la continuité d'interprétation avait donc pu se perpétuer, même si le style de Karl Straube ou de Günther Ramin semble d'une liberté et d'une ampleur incompatibles avec la vision moderne de la musique baroque. L'apport de Walcha se situe davantage dans le domaine de la clarté et de la force spirituelle. Le sens de la construction était resté omniprésent en Allemagne, mais à la manière de Max Reger, avec son inévitable pathos. Walcha a toujours expliqué que la cécité lui avait permis de découvrir[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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