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HÉMATOLOGIE

L'hématologie est la science du sang. Mais elle n'est pas seulement la science du sang, car avec le sang elle a pour objet les organes qui forment, les organes qui détruisent les éléments du sang. Elle n'est pas la science de tout le sang, car par convention certaines substances que le sang ne fait que véhiculer, sucre, urée, chlorures, ne lui appartiennent pas.

Bien que le sang, liquide rouge omniprésent, source de la vie, tienne dans toutes les médecines magiques ou primitives un rang majeur, l'hématologie est longtemps demeurée une discipline mineure. La première monographie est celle de Thomas Schwencke, Haematologia sive Sanguis historia, publiée à La Haye en 1743, et le premier traité véritable est écrit en 1843 par Gabriel Andral sous le titre d'Essai d'hématologie pathologique. Au xixe siècle, alors que s'édifient la pneumologie, la cardiologie, la neurologie, l'hématologie reste ésotérique. Cette situation se prolonge pendant tout le premier tiers du xxe siècle. Puis soudain, par une heureuse concordance de progrès techniques et de l'ouverture de voies originales de la pensée scientifique, l'hématologie se trouve portée au premier rang. Elle inspire des recherches qui vont renouveler la médecine tout entière et, au-delà de la médecine, l'anthropologie et l'ethnologie. Elle permet des applications pratiques et efficaces des données fondamentales.

La première définition biologique de l'homme, une nouvelle définition des populations, la naissance de la pathologie moléculaire, la première définition biochimique du terrain morbide, l'essor de la transfusion sanguine et les millions de vies sauvées, la connaissance des étonnants conflits biologiques qui pendant la grossesse opposent la mère et l'enfant qu'elle porte, la guérison de l'anémie pernicieuse, la découverte des fondements biologiques des greffes d'organes, celle des dangers des radiations, l'étude des leucémies, maladies pilotes de la cancérologie, l'étude des plaquettes sanguines laissant espérer la prévention des thromboses, tous ces accomplissements mesurent l'importance de l'hématologie moderne, l'étendue des domaines qu'elle gouverne, la diversité de ses méthodes. On examinera ici tour à tour l'hématologie fondamentale et les méthodes de l'hématologie.

Hématologie fondamentale

Définition biologique de l'homme

Karl Landsteiner - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Karl Landsteiner

On peut comparer la surface des globules du sang à une mosaïque faite de pavés juxtaposés. Découvrir un facteur de groupe sanguin, un antigène de groupe sanguin, c'est identifier un des pavés de la mosaïque. Les premiers facteurs de groupe sanguin, les premiers antigènes connus concernaient les globules rouges : c'était le système dit ABO, découvert par Landsteiner en 1900, le système Rhésus, découvert par Landsteiner aussi, en 1939. Ces découvertes ont permis, la première, l'essor de la transfusion sanguine, la seconde, la compréhension, le traitement puis la prévention de la maladie hémolytique du nouveau-né. En 1952, observant un accident de transfusion sanguine survenu alors que donneur et receveur étaient, quant aux globules rouges, compatibles, Jean Dausset postule l'existence de groupes de globules blancs, indépendants des groupes de globules rouges.

L'existence de groupes de globules blancs est bientôt confirmée. Le nouveau système ainsi découvert est appelé HLA (Human leucocyte antigens -  Antigènes des leucocytes de l'homme). Ce système comprend de nombreux sous-groupes. Il est d'une extrême complexité. On compte actuellement plus de 100 millions de combinaisons formées par ces sous-facteurs. Si l'on joint à ces antigènes leucocytaires les autres groupes sanguins connus (globules rouges, globulines, etc.), on arrive à cette conclusion que, depuis qu'il y a des hommes et tant qu'il y en aura, il ne s'en trouvera[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences
  • : professeur des Universités, praticien hospitalier, chef du service d'hématologie clinique au C.H.U. de Caen

Classification

Média

Karl Landsteiner - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Karl Landsteiner

Autres références

  • ADÉNOGRAMME

    • Écrit par
    • 626 mots

    L'adénogramme correspond à l'examen du frottis du suc ganglionnaire après ponction d'un ganglion. La ponction de ganglion est une technique simple et sans danger. Le ganglion est piqué avec une aiguille, et le suc ganglionnaire est éjecté sur une lame grâce à une seringue. Ce suc est ensuite...

  • ANÉMIES

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    L' anémie est souvent identifiée à la pâleur. Cette notion populaire correspond à une donnée physiologique : les globules rouges contiennent un pigment de coloration rouge, l' hémoglobine. Ce pigment, rouge comme la couleur du sang qui s'écoule d'une blessure, participe à la coloration...

  • ANTIAGRÉGANTS PLAQUETTAIRES

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    Les plaquettes ont un rôle dominant dans la genèse des thromboses artérielles et de l'athérosclérose, en intervenant au moins sur l'altération endothéliale ou sous-endothéliale, la prolifération des cellules musculaires lisses, ce qui a conduit à l'utilisation et à la rationalisation...

  • ARNm THÉRAPEUTIQUES

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    Enfin, les thérapies de remplacement sont expérimentées dans des maladies hématologiques comme les hémophilies A et B (défaut de coagulation du sang) et le purpura thrombocytopénique (à l’origine de microembolies dans l’ensemble du corps), des maladies du système nerveux central comme l’ataxie de Friedreich...
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