HÉMATOLOGIE
Méthodes de l'hématologie
Hématologie clinique
Des quatre opérations de la clinique traditionnelle – inspection, palpation, percussion, auscultation –, c'est de loin l'inspection qui est la plus importante en hématologie.
L'hématologiste doit, comme un peintre, reconnaître et interpréter sur la peau, sur les muqueuses, les diverses nuances du blanc : le blanc de linge des anémies par troubles de formation des globules rouges, le blanc verdâtre (d'où le vieux nom de chlorose) des anémies par manque de fer, le blanc tirant sur le jaune des anémies par destruction des globules rouges. L'augmentation du nombre des globules rouges rougit les téguments et, selon la maladie en cause, cette rougeur est écarlate ou mêlée de bleu virant au violet. Sur la peau se voient les taches de sang appelées purpura : leur forme, leur distribution varient selon les causes.
Les tuméfactions des ganglions lymphatiques, si fréquentes au cours des maladies du sang, déforment le cou, les aisselles, les aines, symétriquement ou asymétriquement, également ou non, selon les cas. Par cette première approche attentive et patiente de son malade, l'hématologiste aura déjà recueilli de précieuses informations. Il va enrichir son bilan par deux ordres de méthodes : examens permettant l'étude des cellules, examens d'exploration des fonctions du sang, des organes qui le forment et le détruisent.
Hématologie cellulaire
L'hématologiste, entre tous les médecins, jouit d'un remarquable privilège. Il peut à tout moment, en prélevant une goutte de sang, examiner le tissu dont il a charge de prévenir ou de corriger les variations. Ce privilège est singulier. Pour le rein, pour le foie, des prélèvements ne peuvent être faits qu'une fois, deux fois. Pour le cerveau, pour le cœur, ce type d'exploration reste exceptionnel. Pour le sang, l'examen peut être répété ; il est en fait répété plusieurs fois chaque jour.
Ainsi l'hématologie est pour une large part liée au microscope. Une des premières applications du microscope est, en 1674, la description par Leeuwenhoek des éléments qui forment le sang, de globules ronds et petits véhiculés par « l'humidité cristalline de l'eau ». Chaque progrès de la microscopie suscite les progrès de l'hématologie. Ces progrès de la microscopie se sont trouvés associés depuis plus de cent ans à deux autres progrès : l'apparition des méthodes de coloration des cellules du sang, la possibilité d'étudier pendant la vie, non seulement les cellules sanguines, mais aussi celles des organes formateurs de sang, moelle des os, rate, ganglions.
Pendant plus de deux cents ans, après la découverte de Leeuwenhoek, les observateurs examinent le sang sans artifices. Ils décrivent à côté des globules rouges les globules blancs puis les plaquettes sanguines. À la fin du xixe siècle, deux progrès importants surviennent :
– l'emploi de pipettes à prélèvement d'un volume connu et de liquides de dilution permet la numération globulaire, c'est-à-dire le comptage des globules de chaque classe présents dans un millimètre cube de sang ;
– les procédés de coloration différentielle dus à Erlich mettent en valeur les caractères propres de diverses formes cellulaires, et surtout des globules blancs ou leucocytes, permettant de préciser les pourcentages respectifs des différentes variétés de globules blancs et d'établir ainsi la formule leucocytaire.
Depuis une centaine d'années, numération globulaire et formule leucocytaire sont entrées dans la pratique médicale courante et rendent de très grands services non seulement pour le diagnostic des maladies du sang, mais aussi en médecine et en chirurgie, car les changements du nombre, de l'équilibre des globules du sang viennent éclairer le diagnostic de nombreuses maladies, notamment les [...]
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Écrit par
- Jean BERNARD : membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences
- Michel LEPORRIER : professeur des Universités, praticien hospitalier, chef du service d'hématologie clinique au C.H.U. de Caen
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Média
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