- 1. Anatomie et histologie
- 2. Localisations corticales sensorielles chez l'Homme
- 3. Les potentiels évoqués d'origine sensorielle et leur utilité dans la détermination des localisations corticales
- 4. Hémisphères cérébraux et motricité
- 5. Régulations motrices à partir des structures sous-corticales extrapyramidales
- 6. Hémisphères cérébraux et opérations intellectuelles
- 7. Bibliographie
HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX
Les potentiels évoqués d'origine sensorielle et leur utilité dans la détermination des localisations corticales
Il est impossible chez l'animal d'identifier la localisation corticale des différentes sensations autrement que par des méthodes objectives. Celles-ci peuvent être fondées sur la réalisation de conditionnements dont on étudiera les modifications éventuelles sous l'effet de lésions convenablement situées et contrôlées. Cependant, le plus souvent, on recherche les phénomènes bioélectriques locaux enregistrables sur le cortex lorsqu'une voie afférente sensitive ou sensorielle est sollicitée par son stimulus spécifique (lumière, son, stimulus mécanique), ou par une excitation électrique. L'importance et la généralité de cette méthode d'étude de l'activité corticale provoquée sont telles qu'elles méritent une description quelque peu détaillée.
Morphologie et origine des potentiels évoqués
L'ensemble des cellules nerveuses corticales présente, chez le vivant, une activité fonctionnelle spontanée qui se traduit par des fluctuations de potentiels électriques, enregistrables par des électrodes disposées soit à la surface du cortex (électrocorticogramme), soit même à la surface du cuir chevelu (électro-encéphalogramme).
Si l'on stimule les terminaisons ou organes sensoriels, on peut alors recueillir par une macroélectrode (c'est-à-dire une électrode dont la surface de contact avec le cortex est de l'ordre d'un millimètre carré) convenablement placée, un phénomène bioélectrique complexe dénommé potentiel évoqué. Celui-ci se présente comme un ensemble de déflexions de signes variés : après une période de latence proportionnelle au temps mis par les influx nerveux à parcourir les voies reliant les récepteurs stimulés au cortex et, dans une moindre mesure, à l'intensité du stimulus, on observe l'apparition d'une déflexion positive (fig. 6) durant 10 à 20 millisecondes, suivie d'une phase négative plus longue, généralement moins ample, beaucoup plus variable dans sa forme, son voltage et sa durée. L'ensemble des deux phases dure 75 à 80 ms environ. Le potentiel évoqué proprement dit peut être suivi d'une succession complexe d'oscillations dénommées post-décharge, dont l'aspect et la fréquence sont proches de celles de l'activité électrocorticale spontanée.
Quelle est l'origine du potentiel évoqué ? Une certaine obscurité existe encore quant à l'interprétation de ses différentes phases. Cependant, on s'accorde très généralement à admettre que la déflexion positive, qui est de beaucoup la plus régulière et généralement la plus ample, est en fait le reflet en miroir d'un phénomène plus profond. Celui-ci prend sa source au sein de la couche V (pyramidale interne) où il est dû à la mise en jeu de synapses excitatrices établies à ce niveau entre les fibres afférentes du dernier relais de la voie sensitive ou sensorielle stimulée et les cellules pyramidales de cette couche. On a pu fournir la preuve de cette interprétation en étudiant les activités bioélectriques recueillies par une microélectrode dont la pointe n'excède pas quelques microns de diamètre, et que l'on enfonce très lentement à l'intérieur du cortex au moyen d'un micromanipulateur, à l'endroit même où le potentiel évoqué global présente le voltage le plus important.
L'interprétation de la phase négative du potentiel évoqué est par contre beaucoup plus délicate, et ses mécanismes sont encore imparfaitement connus.
Potentiels évoqués corticaux et localisations cérébrales chez l'animal
De ce qui précède, on déduit immédiatement que l'étude systématique des potentiels évoqués chez l'animal permettra de dresser une véritable carte des voies corticales mises en activité par la stimulation[...]
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Écrit par
- Pierre BUSER : membre de l'Académie des sciences, professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Paul LAGET : professeur de psychophysiologie à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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