HÉMORRAGIES
Hémorragies
Les hémorragies peuvent être de cause locale ou générale.
Hémorragies de cause locale
Dans les hémorragies de cause locale, le mécanisme de l'hémostase n'est pas en cause ; l'ensemble des défenses de l'organisme intervient en vue de remédier à la perte sanguine et de déterminer son arrêt. Une plaie artérielle avec issue en saccades de sang rouge vif impose une intervention d'urgence : pose d'un garrot, compression de l'artère en amont, suture ou ligature chirurgicale, faute de quoi un état d'anémie aiguë se constitue très rapidement, caractérisant le choc hémorragique, avec pâleur, perte de conscience, pouls petit et rapide, effondrement de la tension artérielle. L’hémorragie qui en résulte est interne mais de tels accidents ont une sanction chirurgicale immédiate.
D'autres pathologies sont plus sournoises : de telles hémorragies se voient non seulement dans les sections accidentelles d'artères, au cours de traumatismes de la route ou du travail, mais également dans certaines affections obstétricales (grossesse extra-utérine) où une artère peut être érodée. L'altération localisée de la paroi artérielle en relation éventuelle avec la maladie athéromateuse fragilise localement certains gros vaisseaux (aorte abdominale par exemple) entraînant une dilatation appelée anévrisme. L'artère fragilisée risque de rompre à ce niveau (diagnostic en cas de masse abdominale battante). L'imagerie précise la localisation et guide l'intervention chirurgicale. Sur le trajet de l'aorte thoracique, la paroi artérielle, chez un hypertendu, ou sur un terrain génétiquement prédisposé (mutation d'un gène nécessaire à la formation de l'actine-alpha, protéine de la musculature lissée de la paroi artérielle ; maladie de Marfan), peut être infiltrée par un hématome délabrant. Sa rupture à ce niveau, dramatique (en coup de poignard) est appelée dissection aortique : c'est une hyperurgence chirurgicale.
Spectaculaires et souvent très dangereuses sont aussi les grandes hémoptysies (crachements de sang faisant irruption dans les voies aériennes), et les grandes hématémèses (vomissements de sang) qui compliquent certains ulcères d'estomac creusant en profondeur, ou certaines cirrhoses avec hypertension portale (rupture de varices œsophagiennes nécessitant la pose d'un ballon œsophagogastrique gonflable).
Dans tous ces cas d'hémorragies dramatiques de cause locale, deux gestes s'imposent : l'hémostase locale (souvent chirurgicale), et la transfusion massive de sang.
Hémorragies de cause générale
Principales localisations
Les hémorragies cutanées, pétéchies (petites hémorragies cutanées de la taille de confettis, qui surviennent spontanément sous forme de « purpura »), et ecchymoses (classiques « bleus ») se rencontrent aussi bien dans les purpuras d'origine vasculaire ou plaquettaire, que dans les atteintes de la coagulation proprement dite.
Les hémorragies muqueuses comprennent les épistaxis (saignement de nez), les gingivorragies (saignement des gencives), les hémorragies après extractions dentaires (l'extraction dentaire révèle des tendances hémorragiques demeurées souvent latentes ; en effet, il y a véritable arrachement d'un paquet vasculonerveux sans hémostase locale).
Les hématuries, ou hémorragies urinaires, se rencontrent aussi bien dans les atteintes rénales que dans les syndromes hémorragiques des purpuras ou des troubles de la coagulation (hémophilie, surdosage des traitements anticoagulants par les antivitamines K...).
Les hémorragies intestinales associent souvent une cause locale et une cause générale et ont tendance à la répétition.
Les hémorragies méningées sont les plus graves, en raison de leur localisation, et peuvent causer la mort avant qu’une hémostase ait pu intervenir.
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Écrit par
- Jean-Pierre SOULIER : professeur d'hématologie, directeur du Centre national de transfusion sanguine
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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