AVERCAMP HENDRICK (1585-1634)
Un des premiers paysagistes de l'école néerlandaise du xviie siècle, Hendrick Avercamp fait la transition entre une conception décorative d'origine flamande et encore archaïque et les nouvelles ambitions réalistes et objectives développées en Hollande avec Esaias van de Velde et Jan van Goyen.
Baptisé à Amsterdam en 1585, il a dû passer ses premières années à Kampen, où sa famille s'établit en 1586 et où il est plusieurs fois signalé, par exemple en 1613 et en 1622. Surnommé à cause de son infirmité le Muet de Kampen (de Stom van Campen), il semble bien identifiable avec le muet vivant dans la maison du peintre Pieter Isaacsz à Amsterdam en 1607.
Lié à la tradition flamande qui, au xviie siècle, marque à tant d'égards les débuts d'une peinture néerlandaise indépendante (ainsi dans les domaines de la peinture de genre et de la nature morte), Avercamp, qui fut peut-être l'élève d'un de ces nombreux Flamands émigrés pour des raisons religieuses à Amsterdam à la fin du xvie siècle (comme Vinckboons), se spécialise d'emblée dans les scènes de patinage et les paysages d'hiver, tels que Pieter Ier et Pieter II Bruegel, les Grimmer et les Valckenborch, Gillis Mostaert, Sébastien Vranck même les ont multipliés dès le xvie siècle.
Horizon relevé, notes de couleur locale vives et chatoyantes, dispersées sur toute la surface du tableau, effets graphiques et décoratifs des branchages des arbres silhouettés sur la neige ou contre le ciel, perspective rabattue encore très archaïsante, prédilection pour les formats circulaires, concentrant la mise en page, autant de traits qui caractérisent facilement la manière alerte et toujours très fine et délicate d'Avercamp, qui se ressent de sa pratique de l'aquarelle où il excella. Comme chez Adriaen-Pietersz van de Venne, et avec le même bonheur graphique, ses petits personnages se détachent très nettement en sombre sur la surface claire du tableau et, par leur animation subtilement différenciée, attestent déjà une inclination caractéristique de la peinture néerlandaise vers le genre anecdotique et quotidien. Dans la maîtrise du paysage cependant, Avercamp ne resta pas statiquement attaché à la formule flamande et fera preuve d'indépendance : ainsi ses œuvres tardives présentent un horizon abaissé et témoignent d'un meilleur sens de l'unité tonale et de l'enveloppe atmosphérique des choses. Aussi bien, comme chez un Van Goyen, le format circulaire est peu à peu remplacé par le format rectangulaire très allongé, qui est tant affectionné par les peintres des années 1620-1630 (cf. chez les peintres de sociétés et de genre, à l'exemple de Dirck Hals, Codde, Duck, Duyster). Avercamp est pour ainsi dire absent des musées français, car les amateurs et les érudits s'intéressent à lui depuis relativement peu de temps (à l'exception d'un petit exemple à Gray), mais il est fort bien exposé dans les musées néerlandais (surtout à Amsterdam et à Rotterdam) et anglais (très beau spécimen à la National Gallery de Londres).
Son neveu Barend (1612/13-1679) est un suiveur qui pastiche lourdement Hendrick (un exemple significatif au Louvre dans la collection de Croÿ). Dans l'orbite d'Avercamp se rangent encore Arent Arentsz, dit Cabel, aux bonshommes pleins de verdeur ; Adam van Breen, très proche d'Avercamp au point d'être souvent confondu avec lui (un exemple au Louvre) ; Christoffel van Berghe, alias le mystérieux C. V. B., actif à Middelburgh (un bel exemple au musée Mayer van den Bergh à Anvers).
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Écrit par
- Jacques FOUCART : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre
Classification
Média
Autres références
-
NÉERLANDAISE ET FLAMANDE PEINTURE
- Écrit par Lyckle DE VRIES
- 10 188 mots
- 18 médias
Hendrick Avercamp, qui peint des petits paysages de neige, et Hercules Seghers, sans doute élève de Coninxloo, appartiennent au Nord. Seghers recrée les paysages fantaisistes de son maître créant des perspectives vertigineuses.