VERWOERD HENDRIK (1901-1966)
Né aux Pays-Bas de parents sympathisants du président Kruger, Hendrik Verwoerd émigre avec eux en Afrique du Sud en 1903.
Après de brillantes études de philosophie et de psychologie, Verwoerd pense un moment à devenir pasteur de l'Église hollandaise réformée. Cette formation le marquera, et on lui fera par la suite une réputation de penseur politique. Il visite l'Allemagne, où il rencontre des étudiants nazis, l'Angleterre et les États-Unis. Rappelé en Afrique du Sud en 1927 pour enseigner la psychologie appliquée à l'Université de Stellenbosch, il s'occupe également de questions sociales jusqu'en 1936. C'est alors qu'il commence véritablement à faire de la politique en fondant à Johannesburg un quotidien, Die Transvaler, organe du Parti nationaliste purifié alors dans l'opposition. Ce parti, qui devait plus tard prendre le nom de Parti national et gouverner l'Afrique du Sud à partir de 1948, avait pour but essentiel d'écarter de la vie politique tout ce qui n'était pas afrikander et de réaliser l'apartheid, c'est-à-dire une séparation systématique des races.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le journal se prononce contre l'entrée en guerre de l'Afrique du Sud, décidée par le maréchal Smuts, et expose sa haine des Britanniques. Die Transvaler défend avant tout le nationalisme — qui permettrait de mener sans aucune contrainte la politique intérieure défendue par le parti — et demande l'instauration de la république.
En 1948, malgré la victoire électorale du parti national du Dr Malan, Verwoerd n'est pas élu député. Mais il est nommé sénateur par le gouvernement, puis devient ministre des Affaires indigènes (bantoues) en 1950. C'est à ce poste que, pendant huit ans, il applique systématiquement la politique d'apartheid, qui tient lieu de doctrine à son parti. Estimant en effet que tout début d'intégration ou d'assimilation des indigènes, dans un pays où les Blancs ne représentent que 20 p. 100 de la population, mènerait à la disparition de ces derniers, il prône une politique de ségrégation complète. Véritable « architecte de l'apartheid », Verwoerd fait entrer ces principes dans la législation et érige des barrières étanches dans l'emploi, l'éducation, la propriété, les lieux de résidence, les déplacements.
Élu Premier ministre en 1958, Verwoerd apporte à son pays des changements fondamentaux dans ses structures constitutionnelles. Tout en poursuivant sa politique d'apartheid et en contraignant de fait — après la répression sanglante des émeutes de Sharpeville —, en 1960, toute opposition à entrer dans la clandestinité, il tente de souder la communauté blanche en faisant opter la nation pour la république (référendum d'octobre 1960).
Obtenant des majorités de plus en plus confortables aux élections, il se veut le symbole de la résistance de son pays aux pressions extérieures contre l'apartheid, qu'elles viennent des Nations unies ou du Commonwealth. Pour protester contre l'intervention des pays membres du Commonwealth dans les affaires intérieures de son pays, il finit par retirer la candidature de la nouvelle république d'Afrique du Sud à cet organisme en mars 1961.
La prospérité de l'économie sud-africaine, l'élévation (très inégalement répartie) du niveau de vie, la vigueur de la répression policière envers les Non-Blancs assurent au pays une grande stabilité politique. Aussi n'est-ce pas dans une émeute que Verwoerd perd la vie, mais sous les coups d'un « détraqué mental » qui l'assassine au Cap, en pleine session de l'Assemblée.
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Écrit par
- Françoise MEUSY : auteur
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APARTHEID
- Écrit par Charles CADOUX et Benoît DUPIN
- 9 061 mots
- 8 médias
...qui est à la base de cette séparation verticale des races. Régulièrement modifiés dans le sens de la rigueur, notamment à l'époque du Premier ministre Verwoerd (1958-1966) qui fut non pas le véritable initiateur mais le grand architecte de l'apartheid, ces textes ont été l'armature juridique d'un régime...