BERNARDIN DE SAINT-PIERRE HENRI (1737-1814)

Les retombées de l'œuvre

Le succès des Études et de Paul et Virginie a été immense. Il influença la littérature et les arts. Cependant, la réception de Bernardin de Saint-Pierre, la saisie du propos de son œuvre a souffert de l'idéologie scientiste.

La prose poétique de Bernardin de Saint-Pierre, héritage de la langue des Aventures de Télémaque de Fénelon, a été un modèle pour l'enseignement du style. On la retrouve encore au xx^e siècle, chez des écrivains voyageurs tel A. Gheerbrant. L'écho le plus puissant qui fut donné à l'œuvre de Bernardin de Saint-Pierre émane sans doute de l'œuvre de Chateaubriand. En effet, celui-ci, pour prendre son élan dans la carrière littéraire, a utilisé les stratégies de son prédécesseur. Paul et Virginie, comme Atala, est un roman exotique mettant en scène le thème de l'amour malheureux. Les deux récits illustrent une thèse, celle contenue dans les Études de la nature, celle inscrite dans le Génie du christianisme. Bernardin de Saint-Pierre, comme Chateaubriand, exploite une documentation géographique tirée pour l'un du Voyage à l'Isle de France, pour l'autre du Voyage en Amérique.

Les méditations religieuses de Bernardin de Saint-Pierre ont marqué de leur empreinte la poésie chrétienne du xix^e siècle à travers l'une de ses figures emblématiques, A. de Lamartine. Ces méditations enregistrent des expériences de déperdition de l'être qui devaient séduire les romantiques en même temps qu'elles en conduisaient à s'enfermer dans une analyse narcissique des états de conscience.

Paul et Virginie a été, pour les artistes, une source d'inspiration. Le petit roman fut adapté au théâtre, à l'opéra, au cinéma. Les épisodes retenus par Moreau le Jeune ont donné lieu à des variations dans les arts du livre, la décoration, la publicité.

Il reste que le débat sur la vision de l'univers, sur la construction de l'homme, préoccupation majeure de l'écrivain, a été occultée par une critique pétrie d'idéologie scientiste. Le temps semble venu de rouvrir les Études, livre dans lequel A. de Humboldt voyait l'intuition de la géo-botanique, d'explorer les pages des Harmonies comme le gisement des formes nouvelles de l'humanisme contemplatif : l'écologie, la science du paysage, le concept de « biosphère ».