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HENRI CARTIER-BRESSON / WALKER EVANS. PHOTOGRAPHIER L'AMÉRIQUE (exposition)

La fondation Henri Cartier-Bresson célébrait, du 10 septembre au 21 décembre 2008, le centenaire de la naissance du photographe en confrontant sa vision de l'Amérique à celle qu'en avait son contemporain Walker Evans. Deux regards que rassemble d'abord la volonté de rompre avec les manières d'écoles pour mieux appréhender le réel.

Sur les cent douze auteurs de cent quatorze photographies retenues dans Les Choix d'Henri Cartier-Bresson, l'exposition inaugurale de la fondation H.C.B. de mai 2003, Walker Evans partageait avec Man Ray le privilège d'être présent avec deux images. L'estime et l'influence réciproques qui devaient aboutir à une profonde amitié entre Evans et Cartier-Bresson précèdent leur exposition commune d'avril-mai 1935 à la galerie new-yorkaise Julien Levy, qui présentait aussi les travaux du Mexicain Manuel Alvarez Bravo. La découverte des photographies d'Evans compte parmi les raisons qui ont conforté Cartier-Bresson dans sa vocation de photographe. Evans, quant à lui, découvrait le travail de Cartier-Bresson à la faveur de la première exposition personnelle que la même galerie Julien Levy avait consacrée au jeune Français.

Walker Evans (1903-1975) de cinq ans l'aîné, commence à photographier en amateur à Paris en 1926, pendant ses études littéraires à la Sorbonne. À son retour à New York, en 1927, la photographie qu'il commence à maîtriser va lui offrir une alternative à la carrière littéraire qu'il abandonne. Découvrant Eugène Atget grâce à la photographe Berenice Abbott, il entreprend en 1930 une importante série d'images consacrées aux demeures américaines du xixe siècle. Sa première commande le mène en 1933 à Cuba, d'où il rapportera les images destinées à illustrer le livre de Carleton Beals, The Crime of Cuba.

Henri Cartier-Bresson (1908-2004) se passionne dès l'enfance pour la peinture qu'il étudie dans l'atelier d'André Lhote. Un séjour d'un an en Côte d'Ivoire lui permet de s'essayer à la photographie, à l'aide d'un appareil à plaque de verre puis d'un Rolleiflex. La découverte en 1932 de l'appareil Leica et des possibilités offertes par sa légèreté et sa maniabilité l'amènera à s'éloigner de la peinture pour cultiver le regard de voyageur qu'il commence à exercer en Italie et en Espagne, puis au Mexique où il accompagne en 1934 une mission ethnographique. Ses premières images de New York datent de 1935.

« Photographier l'Amérique » couvre une période qui court de 1929 à 1947 et correspond aux débuts de la notoriété des deux photographes. La scénographie consacre le premier niveau de la fondation Henri Cartier-Bresson à la ville de New York et aux quartiers de Harlem, de Queens et de Brooklyn pour étendre au second l'approche d'autres grandes villes, notamment Los Angeles, Atlanta, Chicago, San Francisco, Washington ou La Nouvelle-Orléans. Si une chronologie se dessine dans l'un et l'autre des deux espaces, la disposition privilégie le regroupement des tirages par auteur, permettant au visiteur d'apprécier la singularité de chaque regard.

La composante documentaire et son corollaire humaniste, le contenu social, dominent chez Walker Evans qui, dès le début de sa carrière, prenait ses distances avec la photographie américaine héritière des tendances esthétiques du pictorialisme et acquise au sentimentalisme et au sensationnel de la presse. Les photographies d'alignement de voitures de Saratoga Springs, New York (1931) et de Greensboro, Alabama (1936), la perspective de Bethlehem, Pennsylvanie (1935) offrent des vues d'ensemble d'un environnement urbain privilégiant la description sur la recherche photographique. De même que les photographies des anciennes maisons adoptent le point de vue géométral des architectes, ses images de quartiers[...]

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