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CIRIANI HENRI (1936- )

Le fil conducteur et les « pièces urbaines »

Henri Ciriani adopte longtemps cette attitude intellectuelle, à la recherche d'une structure urbaine, d'une armature capable de « requalifier la ville », travail qu'il théorisera ultérieurement sous la notion de « fil conducteur » (1977). Il développe des réflexions dans ce sens à l'occasion de divers projets d'urbanisme comme celui des Sept Planètes pour sept mille logements à Dunkerque (1975) ou celui du concours de Saint-Bonnet-le-Lac pour trois mille cinq cents logements dans la ville nouvelle de l'Isle-d'Abeau (1975). Il y propose une inversion de l'élément structurant généralement le paysage construit : « Ce qui était autrefois un creux libéré par le bâti (la rue) devient aujourd'hui un plein. »

Puis, peu à peu, Henri Ciriani évolue vers la notion de fortes « pièces urbaines » susceptibles de « tenir l'espace ». Volonté qu'il met en œuvre dans sa première réalisation importante en France, l'ensemble de trois cents logements de Noisy 2, à Marne-la-Vallée (1980), perçue comme le manifeste d'une nouvelle architecture « urbaine » qui ne tendrait pas à renouer avec les typologies traditionnelles (comme le prônent alors beaucoup d'architectes) mais se placerait dans la continuité du mouvement moderne et privilégierait les espaces ouverts plutôt que la rue.

En une époque hantée par l'éclatement physique et social des agglomérations contemporaines (drame décrit par le sociologue Henri Lefebvre), mais avec un point de vue qui affirme la nécessité de préserver les « acquis » de l'urbanisme social, Ciriani vise alors une monumentalisation du logement collectif. Il entend prouver que ses constructions (véritables « pièces urbaines ») peuvent conférer stabilité et dynamisme aux quartiers neufs. Il y développe la notion de façades « épaisses », considérées comme les parois de l'espace public et solidement étayées de loggias, façades dont le riche « battement » rythmique et la calme massivité lui semblent devoir rendre une certaine dignité au logement social, tout en lui conférant l'image rassurante de la « permanence ».

La même démarche le guide dans l'opération de logements sociaux de la Cour-d'Angle à Saint-Denis, déployant de solides étagements pyramidaux de terrasses, mais cette fois dans un contexte plus classique (1982), dans le projet du quartier République à Chambéry (1983), qui devait être interrompu par un changement de municipalité, dans le travail de façades de la Z.A.C. du Canal à Évry (1986) ou dans l'ample mouvement en arc des constructions de la Z.A.C. du Segrais à Lognes, Marne-la-Vallée (1986).

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