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BAILLET-LATOUR HENRI DE (1876-1942)

Aristocrate belge, le comte Henri de Baillet-Latour fut président du Comité international olympique (C.I.O.) de 1925 à 1942. À ce poste, il s'évertua à maintenir l'olympisme à flot. Mais cela n'alla pas sans quelques compromis à l'occasion des Jeux de Garmisch-Partenkirchen et de Berlin organisés par l'Allemagne nazie en 1936.

Henri de Baillet-Latour est né le 1er mars 1876 à Bruxelles. Sportif émérite – il est un adepte de l'athlétisme et de l'équitation –, il se voit chargé en 1903 par le roi Léopold II de diriger le sport dans son pays. La même année, il fait son entrée au C.I.O. Organisateur du congrès olympique de Bruxelles en 1905, il est aussi l'un des artisans de la création du Comité olympique et interfédéral belge, lequel se chargera d'encadrer la participation des sportifs belges aux jeux Olympiques en 1908 et en 1912.

Au sortir de la Première Guerre mondiale, le C.I.O. souhaite que les Jeux de la VIIe olympiade puissent se tenir dès 1920, afin de retrouver le rythme quadriennal de l'événement. Le 29 mars 1919, le Comité olympique national belge propose la candidature d'Anvers, celle-ci étant assortie d'une importante garantie financière assurée par les diamantaires et les commerçants de la ville. Le 5 avril, Anvers est choisie par le C.I.O. et, dès le 17 avril, Baillet-Latour est nommé à la tête du comité exécutif des Jeux d'Anvers, où il va œuvrer vigoureusement pour assurer la bonne tenue des Jeux. Bien qu'il ne disposât que d'une année pour préparer cette manifestation, et malgré les cruelles séquelles de la guerre pour le pays, Baillet-Latour assume toutes les responsabilités et dirige l'entreprise avec énergie. Le 14 août 1920, le roi Albert Ier préside la cérémonie d'ouverture des Jeux d'Anvers. Ceux-ci réunissent 2 626 sportifs représentant 29 pays.

Les capacités dont il a fait preuve pour assurer la réussite des Jeux d'Anvers lui valent la reconnaissance de ses pairs et, en 1925, il succède à Pierre de Coubertin, démissionnaire, à la présidence du C.I.O. À la tête du mouvement olympique, il se montre déterminé et diplomate, ses grandes préoccupations étant de défendre la pérennité des idéaux olympiques, de conserver au sport sa noblesse et sa beauté.

Vigoureusement opposé à ce que les Jeux se transforment en un spectacle démesuré et deviennent le théâtre des rivalités nationales, Baillet-Latour a donc la lourde tâche de présider le C.I.O. lorsque les Jeux de 1936 sont organisés par l'Allemagne nazie. En 1935, il se rend en Allemagne et rencontre Adolf Hitler, lui rappelle les principes intangibles de la Charte olympique, laquelle exclut toute manifestation de propagande politique et idéologique à l'occasion des Jeux. Naïveté ou lâcheté ? Toujours est-il que le comte se contente des garanties verbales du Führer... En fait, alors qu'un mouvement de boycottage des Jeux de Berlin, initié aux États-Unis, commençait à prendre forme, Baillet-Latour souhaitait le briser dans l'œuf. Il y parvint. Le régime nazi fut le grand triomphateur des Jeux de 1936.

Baillet-Latour fut donc un président dévoué à la cause olympique. Mais ce dévouement le poussa à accepter de dangereux compromis, ce qu'il ne reconnut guère. « Nous avons toute raison d'être fiers de demeurer un véritable trait d'union entre les peuples et de pouvoir travailler plus efficacement que tout autre organisme à l'entente entre les nations », déclara-t-il au sujet des jeux Olympiques peu avant sa mort, qui survint le 6 janvier 1942.

— Pierre LAGRUE

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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