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MONFREID HENRI DE (1879-1974)

Aventurier, explorateur, écrivain, Henri de Monfreid est mort, à quatre-vingt-quinze ans, dans sa maison d'Ingrandes (Indre). Il passa la majeure partie de sa vie sur les rivages de la mer Rouge, où il mena une vie d'aventures qui lui inspira la plupart de ses romans.

Rien ne semblait le destiner à une vie aventureuse. Après avoir échoué au concours d'entrée à Polytechnique, il rompt avec sa famille et subsiste en s'essayant aux métiers de courtier, de chimiste, de laitier en gros. Ce n'est qu'en 1911 qu'il débarque à Djibouti afin d'y occuper un emploi obscur dans une maison de commerce. Le choix de l'Afrique n'est pas fortuit : son père, peintre et graveur, lui a donné le goût de l'exotisme en lui parlant de son ami Gauguin, dont il reçoit des toiles de Tahiti. À trente-deux ans le voilà saisi par l'éblouissement des tropiques. À bord de son bâtiment, l'Altaïr, il commence à explorer les rivages de la mer Rouge où il deviendra, au gré de la fortune, pêcheur de perles, transporteur d'armes, contrebandier de tabac et de hachisch. Lors de la Première Guerre mondiale, qui ruine ses entreprises, il fait de l'espionnage contre les Turcs, au service de la France. La paix revenue, il rencontre Joseph Kessel. Sur ses conseils, il entreprend le récit de ses aventures. En 1932, il publie coup sur coup Les Secrets de la mer Rouge et Aventures de mer. Le voilà célèbre. Gagné par le goût d'écrire, il se livre, pendant cinq ans, à une production fiévreuse. En 1935, par exemple, il ne publie pas moins de huit volumes, parmi lesquels Le Drame éthiopien, Les Espions d'Ato Joseph, L'Île aux perles... Puis ce sont Trafic d'armes en mer Rouge, Le Roi du Toukan, L'Enfant sauvage, Le Roi des abeilles... Son dernier ouvrage, Le Feu Saint-Elme, paraît en 1973.

Son séjour préféré, l'Éthiopie, lui est interdit en 1932 après une brouille avec le négus. Il y revient en 1936 avec l'armée italienne. Lorsque, au cours de la Seconde Guerre mondiale l'Éthiopie est libérée, il est jeté en prison par les Anglais. Échappant de justesse à la condamnation à mort, il gagne alors le Kenya avec sa seconde épouse.

En 1947, il s'installe dans sa propriété d'Ingrandes, aux confins de la Sologne. Il y poursuit ses écrits : La Triolette, Le Bracelet d'argent, Du Harrar au Kenya à la poursuite de la liberté, Le Naufrageur, L'Homme sorti de la mer, Le Cimetière des éléphants, La Route interdite.

Son œuvre supporte mal les analyses et les classifications. Ses romans, ses récits, inspirés d'une vie qui ressemble à un conte oriental, d'une psychologie sommaire et d'une écriture rapide, n'en sont pas moins attachants ; on y retrouve sans cesse le goût de l'action, la violence de l'aventure et la chaleur de l'amitié à travers des intrigues insolites ayant pour cadre l'Afrique abyssine.

— Pierre RIPERT

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