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FRENAY HENRI (1905-1988)

« Patriote ardent, au courage exceptionnel, a, dès la première heure, mis son activité totale au service de la Résistance française. Toujours à la pointe du combat, s'est attaché à forger les armes de la délivrance en créant, malgré les pires dangers, une organisation de propagande et de lutte contre l'ennemi, qui a acquis des titres impérissables à la reconnaissance de la Nation. » Cette citation accompagnait la décision attribuant à Henri Frenay la croix de compagnon de la Libération. Signée par le général de Gaulle, à Londres, le 13 mars 1943, au bénéfice de Nef – l'un des pseudonymes de Frenay –, elle marquait le rôle exceptionnel du créateur du mouvement Combat, qui permit aux résistants métropolitains d'organiser leur action en fonction d'un triple objectif : le renseignement, la propagande et la lutte armée.

Né à Lyon, le 19 novembre 1905, Henri Frenay, fils et frère d'officiers, saint-cyrien, avait choisi la carrière militaire. Sous-lieutenant à vingt et un ans, capitaine en 1934, il appartenait – sans le savoir, écrivit-il – à la « droite française, traditionaliste, pauvre, patriote et paternaliste ». Toutefois, la montée des périls, avec les progrès du IIIe Reich et l'action des nazis dans la guerre d'Espagne, mit peu à peu, entre lui et son milieu « une invisible mais pesante barrière ». Pour ce diplômé du Centre des hautes études germaniques de Strasbourg, qui avait lu, dans le texte, le manifeste de Hitler, Mein Kampf, et compris l'objectif d'une domination aryenne sur des races esclaves, les dangers du nazisme étaient évidents. Ses yeux avaient été ouverts par ses professeurs, en Alsace, comme par les personnes que lui avait fait connaître, à Paris, son amie Bertie Albrecht, qui devait mourir dans une cellule de la Gestapo, en 1943.

Évadé dès la fin de juin 1940, le capitaine breveté d'état-major Frenay est affecté au bureau de garnison de l'armée d'armistice, à Marseille. Il y conçoit son mouvement de la résistance où, à partir d'une plaque tournante (pour le recrutement, l'organisation et la propagande), les volontaires sont orientés vers le renseignement ou une formation para-militaire articulée en sizaines et trentaines, avec un cloisonnement propre à éviter les interventions policières. Malgré la ferveur quasi religieuse d'une large majorité de l'opinion envers le maréchal Pétain, Henri Frenay, nommé au deuxième bureau à Vichy, en décembre 1940, condamne la politique de collaboration. Au début de 1941, aidé par Bertie Albrecht, il diffuse à dix-huit exemplaires un bulletin d'information et développe des contacts avec le S. R. de Vichy (camouflé sous le nom de Travaux ruraux). Il prend peu après un congé d'armistice, et se consacre dès lors totalement à ce qui va devenir – notamment avec l'aide de Francois de Menthon – Combat, le plus grand mouvement résistant de la zone non occupée.

Présents dans quatre départements en mars 1941, les militants de Combat deviendront au fil des mois les rédacteurs et diffuseurs d'un journal clandestin dont le tirage atteindra plus d'un million d'exemplaires par mois. Lorsqu'en 1943 Combat, Franc-Tireur et Libération fusionneront dans les Mouvements unis de résistance, Combat aura la fierté légitime de ses quatorze services nationaux spécialisés, de ses cent deux permanents clandestins.

En 1942, Henri Frenay continua à développer son organisation et reçut des aides de la France libre mais, devant certaines instructions rapportées de Londres par Jean Moulin, il considéra qu'elles étaient inadaptées, qu'elles auraient nécessité des consultations et que la résistance intérieure n'était pas « aux ordres ». Jusqu'à la mort de Jean Moulin, en juin 1943, les relations de Combat avec la délégation générale[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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