GIRAUD HENRI (1879-1949)
Brillant officier d'infanterie pendant la Première Guerre mondiale, Henri Giraud participe ensuite à la guerre du Rif, puis devient professeur à l'École de guerre (1927-1929). Général en 1930, il retourne au Maroc. En 1936, il est gouverneur militaire de Metz et, en 1939, il commande la VIIe armée. Le 15 mai 1940, il est nommé à la tête de la IXe armée en remplacement du général Corap, mais la percée allemande autour de Sedan se confirme. Il est fait prisonnier le 18 mai. Il s'évade en avril 1942 de la forteresse de Königstein, rejoint Vichy, puis passe en zone libre et parvient à Alger où il va jouer un rôle décisif. C'est là qu'il prend la tête du « groupe des cinq », où entrent notamment Lemaigre-Dubreuil, Jean Rigault et Henri d'Astier de La Vigerie, qui prépare le réarmement de l'Afrique du Nord et son entrée en guerre aux côtés des Alliés. N'étant pas averti par les Américains du projet de débarquement de novembre 1942 à Alger et à Casablanca, Giraud ne pourra empêcher des combats entre les troupes alliées et l'armée fidèle à Vichy. Il représente Vichy, mais dans la tendance patriote très hostile aux Allemands, et il va être un temps soutenu par les Américains qui souhaitent faire entrer l'Afrique française dans la guerre et voient en Giraud la « troisième voie » entre Pétain et De Gaulle. Dans cette optique, le général Giraud ne reconnaît aucune autorité particulière à De Gaulle. Au lendemain de l'assassinat de l'amiral Darlan, il est nommé, par le Conseil impérial, haut-commissaire en Afrique française et commandant en chef des armées. Il va s'en tenir à la politique de Darlan, affirmant qu'Alger prend la suite de Vichy, provisoirement empêché d'exercer son autorité légitime. Pendant les cinq mois où il gouverne seul, il mène une politique d'apaisement. Il semble qu'il soit surtout très préoccupé de rassembler toutes les forces disponibles pour lutter contre les armées du Reich. Dans ces conditions, l'unité française est largement ouverte à tous. Giraud rencontre De Gaulle à Anfa-Casablanca en présence de Roosevelt et de Churchill le 23 janvier 1943. C'est un échec. En mai 1943, De Gaulle s'installe à Alger. Les deux généraux vont présider ensemble le Comité français de libération nationale. Giraud, nommé commandant en chef des Forces françaises libres, est de fait éliminé du pouvoir politique. En octobre, la Corse est libérée de l'occupation allemande avec l'appui de l'armée : nouveau succès de Giraud après la libération de la Tunisie. Dans le même temps, minoritaire au sein du Comité, il en est éliminé. L'hostilité grandit entre partisans des deux généraux, tandis que se développe l'influence politique de De Gaulle. Celui-ci prend toute une série de mesures que l'on avait attendues de son rival et qui marquent la rupture complète avec Vichy. Le Comité d'Alger commence alors la mise sur pied des mesures d'épuration qui frapperont les tenants de la collaboration ou du régime de Vichy. Giraud s'efface. En novembre 1943, il n'est plus membre du gouvernement et n'exercera ensuite que des fonctions militaires qui lui seront retirées le 14 avril 1944. Après la guerre, il est vice-président du Conseil supérieur de la guerre jusqu'en 1948. Il sera inhumé aux Invalides.
Le général Giraud a écrit des Mémoires, Mes Évasions (1946) et Un seul but, la victoire, Alger 1942-1944 (1949).
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Écrit par
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