GUISAN HENRI (1874-1960)
Fils d'un médecin, issu d'une ancienne famille terrienne du canton de Vaud, Henri Guisan se destine à l'agronomie et, à partir de 1897, exploite un grand domaine agricole. Devenu officier, il s'oriente de plus en plus vers la vie militaire, puis s'y consacre entièrement. Colonel divisionnaire (1926), il est placé à la tête d'un corps d'armée (1932-1939) et collabore à la préparation de l'armée, dans l'éventualité d'une nouvelle guerre, qui apparaît inéluctable. Il fait adopter une stratégie défensive, autour du « réduit national », dont il est le créateur, formidable système de fortifications, dans le bastion naturel des Alpes, destiné à être le centre de la résistance à une agression. Le 30 août 1939, il est appelé, par le Parlement fédéral, au poste de général, commandant en chef, et il dirige la mobilisation générale. Esprit pondéré, chef à la fois énergique et bienveillant, il acquiert une autorité morale indiscutée, imposant, par-dessus les tendances politiques et les diversités ethniques et confessionnelles de la Suisse, le sentiment national et le dévouement au pays. Il épargnera à la Confédération les dissentiments profonds entre Latins et Alémaniques, engendrés, en 1914-1918, par les liens du général en chef Ulrich Wille avec l'Allemagne. Jusqu'à la fin du service actif, le 20 août 1945, Guisan réussit à maintenir l'armée à un haut degré d'efficience et à lui garder un potentiel de dissuasion qui fera reculer Hitler, tenté, à deux reprises, de violer la neutralité helvétique. Rentré dans la vie privée, le général Guisan se fera, jusqu'à sa mort, le serviteur des œuvres civiques et l'ambassadeur itinérant auprès des Suisses de l'étranger. Il a incarné la conception de l'officier de milice ; soldat-citoyen, il a atteint l'objectif qu'il avait ainsi défini : « Sauvegarder l'indépendance du pays et maintenir l'intégrité du territoire. »
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Écrit par
- Paul GUICHONNET : professeur honoraire à l'université de Genève
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