HENRI Ier BEAUCLERC (1068-1135) roi d'Angleterre (1100-1135)
Roi d'Angleterre (1100-1135) et duc de Normandie (1106-1135), né en 1068 à Selby dans le Yorkshire, mort le 1er décembre 1135 à Lyons-la-Forêt en Normandie.
Fils cadet de Guillaume le Conquérant (1027 env.-1087), Henri Ier Beauclerc est couronné à Westminster le 5 août 1100, trois jours après la mort de son frère aîné Guillaume II le Roux (1056 env.-1100). Le duc de Normandie Robert II Courteheuse (1054 env.-1134), son autre frère aîné, est alors parti en croisade et ne peut prétendre au trône avant son retour. La succession est donc précaire, mais Henri Ier s'entoure rapidement de tout le soutien qu'il trouve. Il élabore une charte de libertés qui met fin aux abus de son prédécesseur (impôts arbitraires, confiscation des biens de l'Église). Par son mariage, le 11 novembre 1100, avec une princesse écossaise d'origine anglo-saxonne, Edith d'Écosse (1080-1118), qui prend le prénom chrétien de Mathilde lors de son mariage, il engage des relations paisibles avec les Écossais et s'attire le soutien des Anglais. Il rappelle également saint Anselme (1033 ou 1034-1109), l'archevêque de Cantorbéry banni par son frère.
Robert Courteheuse envahit l'Angleterre en 1101, mais Henri Ier le repousse et ne tarde pas à vouloir réunifier le royaume de son père. Il se lance donc dans la conquête de la Normandie. En 1106, il bat Robert à Tinchebray, dans le sud-ouest de la Normandie, et le retient captif à vie.
Entre 1104 et 1106, Henri Ier se trouve dans une position inconfortable en se présentant comme le champion de l'Église en Normandie tandis qu'il s'oppose sur ses terres à l'archevêque de Cantorbéry dans le cadre de la querelle des investitures. Désireux de rendre l'Église indépendante des souverains séculiers, le pape Pascal II (pape 1099-1118) interdit aux seigneurs laïcs d'investir des membres du clergé et à ces derniers de rendre hommage aux premiers. Suivant cette règle, Anselme refuse de consacrer les évêques qu'Henri a investis et de rendre hommage au roi. Ce dernier souhaite néanmoins conserver le lien féodal entre les évêques et la Couronne. Après un nouvel exil de saint Anselme, un compromis est finalement conclu peu après la bataille de Tinchebray et ratifié à Londres en 1107. Henri Ier renonce à son droit d'investiture tandis que l'archevêque accepte l'hommage. L'État anglo-normand est ainsi réunifié dans la paix.
Henri Ier marie ensuite sa fille Mathilde (1102-1167, d'abord prénommée Adélaïde) à l'empereur germanique Henri V (1081-1125) et promet en mariage son seul fils légitime – il a eu au moins neuf fils et treize filles illégitimes, avec plusieurs maîtresses –, Guillaume (1103-1120), dont il fait son successeur. Il repousse deux grandes attaques dans l'est de la Normandie, menées par le roi de France Louis VI le Gros, le comte d'Anjou Foulques III Nerra et les barons normands qui haïssent la politique d'Henri Ier. En 1120, ce dernier a soumis les barons, marié son fils à la maison d'Anjou et battu Louis VI au combat.
La paix est ébranlée dès novembre 1120, lorsque Guillaume meurt dans le naufrage de la Blanche-Nef, ruinant la succession préparée par son père Henri Ier. Après la mort de la reine Mathilde en 1118, Henri Ier épouse Adélaïde de Louvain (1103-1151) le 29 janvier 1121, mais cette union sera stérile. À la mort de l'empereur Henri V (en 1125), Henri Ier rappelle sa fille Mathilde, impératrice, en Angleterre et ordonne à ses barons de lui rendre hommage ainsi qu'à son héritier. En 1128, il marie Mathilde à Geoffroi Plantagenêt, héritier du comté d'Anjou, dont elle a un premier fils en 1133, le futur Henri II. À la mort d'Henri Ier, son neveu favori, Étienne de Blois, s'empare du trône anglais, passant outre le droit de succession de Mathilde.[...]
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Écrit par
- C. Warren HOLLISTER : professeur d'histoire à l'université de Californie à Santa Barbara
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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