HENRI IV (1050-1106) empereur germanique (1056-1106)
Fils de l'empereur Henri III et d'Agnès de Poitiers, élu roi des Romains à trois ans, héritier légitime du trône d'Allemagne, Henri IV était le petit-fils du puissant duc d'Aquitaine qui avait décliné la couronne d'Italie et protégeait Cluny. Le plus grand des abbés de Cluny, Hugues (1049-1109), fut son parrain et son conseiller.
Intelligent, doué d'un certain sens politique et énergique, Henri eut à faire face à de grandes difficultés au long d'un règne qui dura cinquante ans. Il fut orphelin de père à six ans, séquestré par un des régents à douze, tandis que sa mère, une femme pieuse et faible, se retirait dans un couvent. Les princes se révoltèrent à plusieurs reprises contre la puissance impériale, les papes l'excommunièrent deux fois. À la fin de sa vie, deux de ses fils se rebellèrent contre lui. Le dernier, le futur Henri V, le déposa, après l'avoir pourchassé dans toute l'Allemagne, alors qu'il était malade et désespéré.
Henri IV sut parfois tirer parti des transformations de son époque en s'alliant à la bourgeoisie nouvelle des villes contre les grands feudataires, laïcs et religieux. C'est pour permettre aux petites gens de travailler et de commercer qu'il instaura en 1085 la paix dans l'Empire. Mais il buta aussi contre certaines nouveautés : ainsi en fut-il de son conflit avec la papauté (querelle des Investitures). Il n'avait pas compris que l'Église évoluait, se réformait. Avant 1122 (concordat de Worms), aucune des parties ne voudra reconnaître qu'un évêque ou un abbé est à la fois homme d'Église et, dans l'Empire, un homme politique important dont l'empereur doit s'assurer.
Sa mère fut régente : elle fut d'abord bien conseillée par le pape Victor II, qui vivait à la cour ; avec l'aide des grands, l'archevêque de Cologne fut ensuite nommé régent. Adalbert de Brême lui succéda : tous deux se sont surtout préoccupés d'agrandir les terres de leurs églises respectives. Pendant la minorité d'Henri IV, deux fautes politiques furent commises : Othon de Nordheim, un riche Saxon, reçut le duché de Bavière ; Rodolphe de Rheinfelden, qui avait épousé une sœur du roi, fut nommé duc de Souabe. L'un et l'autre seront à l'origine des plus graves difficultés du jeune roi en Allemagne.
Quand, en 1066, Henri IV prend personnellement le pouvoir, il lui faut reconquérir l'Empire. Il dépossède d'abord Othon de la Bavière sous prétexte de complot, puis il met la main sur les biens royaux des Ottoniens en Saxe. Il y installe des intendants souabes, dans des forteresses qu'il fait construire. Les paysans se révoltent ; les Billung, vieille famille saxonne, et Othon de Nordheim les soutiennent. Henri IV ne peut résister, s'enfuit et se place sous la protection des bourgeois de Worms. Il parvient cependant à rassembler une armée et réduit la révolte en 1075.
Cependant, en 1073 et 1075 les papes Alexandre II et Grégoire VII excommunient quelques conseillers du roi, pour simonie et vente de charges religieuses, puis le roi lui-même, qui avait nommé de son propre chef le nouvel archevêque de Milan.
En janvier 1076, une assemblée d'évêques réunie à Worms refuse de se soumettre au « moine Hildebrand », nom de Grégoire VII avant son investiture comme pape. Henri IV les soutient : le pape l'excommunie et le dépose. Les grands en profitent et décident de convoquer pour octobre une assemblée à Tribur, sous la direction d'un légat du pape, pour élire son successeur. Pour rétablir sa situation, il faut qu'Henri IV obtienne l'absolution du pape, selon les règles, en vêtement de pénitent. Le pape, qui se rendait en Allemagne, apprend que l'empereur et sa suite arrivent en Italie à sa rencontre. Il le reçoit chez la margravine [...]
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Écrit par
- Anne BEN KHEMIS : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale de Tunis
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