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HENRI IV (1553-1610) roi de France (1589-1610) et de Navarre (1572-1610)

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Le règne effectif

La remise en ordre

La reprise en main du royaume devait, nécessairement, s'appuyer sur un certain nombre de forces politiques. Apparemment, trois groupes coexistèrent : le parti protestant, le groupe des catholiques royalistes, celui des catholiques ligueurs ralliés à temps, composé des parlementaires parisiens et des puissances « féodales », princes et grands nobles redoutables par leurs clientèles. Il existait entre ces groupes un consensus politique (l'urgence de la paix et de la reprise des affaires) et un support social commun (propriétaires seigneuriaux et acquéreurs d'offices). Enfin, la bourgeoisie d'affaires se retrouvait à la fois dans le camp protestant, catholique et parlementaire. Les divergences de détail restaient innombrables, les oppositions fondamentales profondes. Mais, momentanément, le dénominateur commun de la paix intérieure incarnée en Henri IV, ressenti comme une nécessité étatique par tous ceux qui étaient sensibles au « bien public », allait dans le sens de l'action royale. Le gouvernement de Henri IV représente donc une coalition de riches, regroupant provisoirement tous les détenteurs de grandes fortunes, ce qui explique la présence d'un entourage des plus composites. On y trouve le fidèle Sully, entré en 1596 au Conseil des finances (en droit seulement en 1601), grand voyer et grand maître de l'artillerie en 1599. Il n'occupe pas encore la première place au Conseil. À ses côtés, l'autre personnage protestant de marque est Barthélemy de Laffemas qui, dès 1596, exposait ses vues mercantilistes à l'assemblée des notables de Rouen. Face aux protestants, Villeroy, rallié de 1594, est chargé des affaires étrangères. Il est secondé par le président Jeannin, négociateur du traité de Vervins. Ainsi s'établit un premier équilibre de forces, les catholiques détenant le gage capital de la direction de la politique extérieure, qu'ils infléchissent souvent dans un sens pro-espagnol. L'économie et les finances reviennent aux protestants. Le personnage de premier plan est Pomponne de Bellièvre. Chancelier en 1599, l'ancien conseiller du Sénat de Savoie est devenu, pour un temps, une sorte de Premier ministre, marquant l'accord avec les Parlements.

À l'hétérogénéité de cet entourage politique correspond celui de la cour. Le mariage florentin, acte non seulement financier, mais aussi d'engagement politique catholique, a renforcé le groupe italien déjà solidement implanté depuis Catherine de Médicis. Pourtant le raffinement de l'ancienne cour des Valois est singulièrement compromis par l'arrivée en force des anciens chefs de guerre, bretteurs, querelleurs, avides au jeu. Henri IV s'entoure d'un sérail mêlé, où dominent les Gabrielle d'Estrées, Jacqueline de Bueil, Charlotte des Essarts, la marquise de Verneuil, toutes sensibles aux intrigues politiques. Cohabitant, sans trop de difficultés, avec ces aimables pécheresses, la cohorte des réformateurs religieux, tribu fort bien traitée, tente, non sans succès, d'influencer le roi. Parmi eux, la figure exceptionnelle d'un François de Sales ou d'un Bérulle annonce le « renouveau » de l'Église de France.

Il est difficile de qualifier cette politique. Elle est faite de pardons, de générosités calculées au plus juste, d'achats de consciences, tragi-comédie qu'interrompt parfois un indispensable coup de force du maître. La finesse narquoise du prince excelle à ces jeux subtils qui, cependant, l'impatientent de plus en plus. Partout « l'œuvre » progresse.

Au-dehors, Lyon, deuxième ville du royaume, restait très exposée. De plus, l'une des grandes voies royales de l'empire espagnol, conduisant de Milan aux Flandres par l'intermédiaire de la Franche-Comté, longeait la France. Une promenade militaire, amplement justifiée[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes

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Henri IV, roi de France, en armure, Pourbus le Jeune - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Henri IV, roi de France, en armure, Pourbus le Jeune

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