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CLOSON HENRI-JEAN (1888-1975)

Le peintre Henri-Jean Closon est né à Liège. En 1898, son père l'envoie aux Pays-Bas chez le professeur Charles Salden, qui lui fait découvrir les maîtres de la peinture, notamment Rembrandt, et lui apprend à dessiner. Quelques événements importants jalonnent son adolescence : en 1903, il lit l'ouvrage du grand chimiste Chevreul, De la loi du contraste simultané des couleurs (1839) ; il se lie d'amitié avec le peintre allemand August Macke et avec Mondrian.

Closon a aussi de nombreux amis dans le monde de la musique, deux mondes qui s'interpénètrent : « Peindre c'est, par la ligne et la couleur, démêler des lois et les règles des cadences et des rythmes. » En 1905, lors de l'Exposition internationale de Liège, ses discussions avec Macke et avec Le Fauconnier au bar de l'Osteria Capri portent sur la représentation du mouvement dans la peinture, recherche commune à de nombreux artistes à cette époque : Larionov et Gontcharova en Russie, en Italie Balla et Severini, en France Delaunay. La « couleur-mouvement », tel est le débat.

Closon découvre en regardant le « Watershut » de l'Osteria Capri deux visions colorées de l'eau en mouvement, celle de l'eau projetée par la chute du toboggan et celle de l'eau qui s'écoule : « La rivière, c'est la couleur en mouvement. » Il évoque alors Rembrandt, qu'il considère comme plus grand coloriste dans ses eaux-fortes que dans ses toiles, et décide de transposer le noir, le gris et le blanc en rouge, en bleu et en jaune, pour obtenir par la couleur une valeur qui resterait encore dans le domaine du clair-obscur. Car tel est alors son deuxième point de recherche : « la couleur-lumière ». Il découvre dans les œuvres de Pisanello, dans les Batailles de Paolo Uccello les rythmes qu'il recherche. Pour le mystique qu'est Closon, la cadence est l'immense accompagnement régulier de l'humanité en marche, et le peintre s'interroge : l'artiste « qui rejoue dans l'art, à son échelle et en procréateur seulement, le geste de Dieu, quelle œuvre sans cadence et sans rythme peut-il faire qui porte le sceau de l'Art ? »

En 1918, Closon s'installe à Paris où il fréquente Anatole France, le caricaturiste Abel Faivre. Il rend visite à Monet, qui réside à Giverny, et loue le peintre qui a « changé en valeur d'éternité des choses mortes ». Il devient l'un des fondateurs de la Société des beaux-arts d'Antibes. Il réside alors à Antibes et au Pays basque, où il rencontre le sculpteur Despiau et le compositeur Maurice Ravel. Il devient membre du mouvement Abstraction-Création fondé par G. Vantongerloo, après la disparition du groupe Cercle et Carré, et, en 1933, expose avec le sculpteur Étienne Béothy (un ami de Moholy-Nagy) dans une petite salle de l'avenue de Wagram, en compagnie de Gleizes, de Kupka, de Herbin, de Valmier.

C'est, en effet, à cette époque que Closon évolue vers l'abstraction, sans jamais y adhérer totalement : dans ses œuvres, le sujet apparaîtra ou disparaîtra en fonction des éléments choisis. Il pousse alors au plus haut point ses recherches sur les valeurs colorées qui, pour lui, engendrent formes et volumes. Et toute son œuvre va s'orchestrer autour des rapports de couleurs, puisque « nous ne pouvons voir une couleur seule, que tout nous est donné en opposition, avec la mission de marier, de mettre en position la plus vivifiante, c'est-à-dire en contrepointant, pour arriver à la plénitude qui est l'irradiation de la matière, l'accomplissement, le resplendissement ».

Son but devient alors de révéler le sens caché des choses, de la vie ; comme Delacroix, dont le journal a été longtemps son livre de chevet, Closon sait que « la peinture n'a pas toujours besoin d'un sujet », il suffit d'y introduire le mystère de la vie, de[...]

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Écrit par

  • : licenciée de philosophie esthétique, diplômée de l'École du Louvre, expert en tableaux modernes

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