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LABORIT HENRI (1914-1995)

La philosophie de Laborit

Président de l'Institut de psychosomatique à l'université de Turin, professeur titulaire de la Jolla University de San Diego (États-Unis) et du Campus européen à Lugano (Suisse), Henri Laborit fit de nombreuses conférences, sur invitation, en Amérique, en Europe, en Afrique et en Extrême-Orient.

Cette activité internationale ne l'empêchera pas de créer et de diriger à partir de 1958, dans le cadre de l'hôpital Boucicaut à Paris, le laboratoire d'eutonologie (agressologie), géré par une association sans but lucratif (loi 1901).

Avocat de l’interdisciplinarité, fondateur du groupe des Dix en 1969 avec notamment Henri Atlan, Jacques Attali, André Leroi-Gourhan, Edgar Morin et Michel Serres, propagandiste de la notion de complexité, Henri Laborit a publié un grand nombre d'articles et d'ouvrages divers. Citons La Vie antérieure (Grasset, 1989), ouvrage autobiographique relatant sa carrière scientifique, et Légende des comportements (Flammarion, 1994), volumineux livre d'art et de science qui apparaît comme son luxueux testament.

La plupart de ses livres sont des essais de philosophie scientifique ou des tentatives pour considérer le champ des sciences humaines du point de vue de la biologie. Le premier, Biologie et structure, aborde l'aspect biologique de la sociologie et du comportement. Le succès de ce livre paru en mars 1968, peu avant les événements de Mai donc, a attiré sur son auteur l'intérêt des étudiants du département d'urbanisme de la faculté expérimentale de Vincennes, qui lui ont demandé de créer une unité de valeur « biologie et urbanisme ». De 1969 à 1974, il a donc assuré cet enseignement avec son collaborateur Bernard Weber. Le livre L'Homme et la ville (1971) résume son approche biocomportementale des problèmes urbains. La Nouvelle Grille (1974) fait le point de son apport en sociologie, économie et politique à partir des grandes lois de la biologie générale et de la biologie des comportements qu'il avait abordées précédemment dans La Société informationnelle (1973) et Les Comportements (1973).

De 1978 à 1983, Henri Laborit assure un enseignement de biopsychosociologie, comme professeur invité, à l'université du Québec, à Montréal, qui prolonge la ligne de pensée qu'il inaugurait en 1970 avec L'Homme imaginant, et poursuivait dans L'Éloge de la fuite (1976) et L'Inhibition de l'action (1979). La Colombe assassinée vulgarisait en 1983 ses thèses sur la violence. Mais avec Dieu ne joue pas aux dés (1987), il devait revenir à l'étude des systèmes vivants qui lui avait déjà inspiré, en 1963, Du soleil à l'homme, pour achever ce parcours encyclopédique avec son Esprit du grenier (1992).

Henri Laborit meurt à Paris le 18 mai 1995.

— Pierre HUGUENARD

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • : professeur émérite à la faculté de médecine de l'université de Paris-XII
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Média

Henri Laborit - crédits : Louis MONIER/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Henri Laborit

Autres références

  • NEUROSÉDATION : LA CHLORPROMAZINE

    • Écrit par
    • 279 mots

    En 1950, en France, Henri Laborit chirurgien de la Navale, recherche avec un anesthésiste, Pierre Huguenard, la combinaison idéale de différents médicaments afin de mettre au point un « cocktail lytique » permettant de prévenir le choc opératoire. Il suffirait pour protéger l'organisme, d'inhiber...