HENRI LE LION (1129-1195) duc de Saxe (1142-1180) et de Bavière (1155-1180)
Fils de Henri le Superbe, duc de Bavière, l'un des hommes les plus riches et les plus puissants de l'Empire germanique, et de l'unique fille de l'empereur Lothaire III, qui avait été duc de Saxe. Quand son père, manquant de peu son élection au trône d'Allemagne, se révolta et entraîna sa famille avec lui, Henri le Lion se trouva dépossédé de tous ses héritages. En 1142 le roi Conrad III lui inféoda le duché de Saxe, mais attribua la Bavière à un demi-frère, Henri Jasomirgott, un Babenberg. C'est Frédéric Barberousse, son cousin germain, qui lui rendra la Bavière (1156) amputée du duché d'Autriche qui restera aux Babenberg.
Homme d'action, il consacra son énergie au développement des territoires qui dépendaient de lui et en particulier à la diffusion du christianisme chez les populations slaves de l'Est ; ce fut un fondateur de villes, Brunswick, Munich, Lübeck (qui reçut de nombreux privilèges), et de colonies paysannes. C'est pourquoi il entra en conflit avec l'archevêque de Hambourg, qui prétendait diriger la colonisation du Holstein, et plus tard avec l'évêque de Halberstadt (1176). Il avait constitué un ensemble de territoires bien administrés, pour lesquels il délaissait les intérêts de l'empereur en Italie tant que celui-ci ne lui inféodait pas les mines d'argent de Goslar.
Quand, en 1176, Frédéric Barberousse eut vaincu le pape et les Lombards en Italie, il voulut obliger Henri le Lion à devenir un vassal docile. Il le convoqua devant lui à plusieurs reprises sur plaintes de voisins que le duc de Saxe opprimait. Henri ne se présenta jamais. Mis au ban de l'Empire par la diète de Wurtzbourg en 1180, il fut condamné à la perte de tous ses fiefs et alleux. À la diète de Gelnhausen (avr. 1180), il fut procédé au partage de ses biens. L'archevêque de Cologne reçut la Westphalie, un fils d'Albert l'Ours le duché de Saxe-Anhalt. La Bavière échut à Otton de Wittelsbach, dont la famille se maintint jusqu'en 1918 comme celle des Ascaniens en Saxe-Anhalt. La Styrie revenait à Ottokar II. Henri résista avec le soutien de certaines villes, comme Lübeck, mais il dut s'exiler chez son beau-père, Henri II Plantagenêt, en Normandie d'abord, puis à la cour d'Angleterre. Il ne conservait que Brunswick et Lunebourg.
Profitant de l'absence de Frédéric parti en croisade, il essaya de récupérer ses terres : Henri VI, à qui la mort de Frédéric en Asie Mineure donnait l'Allemagne, préféra composer avec lui, car il souhaitait pouvoir se consacrer aux affaires d'Italie. Comme Henri VI avait des difficultés dans l'empire, Henri le Lion reprit son indépendance et il fallut l'intervention du roi d'Angleterre, Richard Cœur de Lion, son beau-frère, qu'Henri VI retenait prisonnier à Trifels dans le Palatinat, pour qu'il accepte en 1194 de se réconcilier avec l'empereur. Il meurt un an plus tard.
L'époque de Henri le Lion marque l'apogée de la puissance des Welfs en Allemagne. Il sut transformer un pouvoir politique et militaire en un pouvoir économique, qui s'appuyait sur l'industrie et le commerce des villes et sur la mise en culture de terres mal exploitées. Son œuvre et celle du margrave de Brandebourg, Albert l'Ours, ont fourni une assise solide au Drang nach Osten (la poussée vers l'Est).
Il ne réussit pas à acquérir la source principale de la monnaie royale, les mines d'argent de Goslar, ni à mettre en difficulté l'empereur. Le démembrement des possessions d'Henri le Lion conduira à un équilibre des forces dans l'empire : aucune famille princière désormais ne pourra établir son hégémonie en Allemagne.
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Écrit par
- Anne BEN KHEMIS : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale de Tunis
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Autres références
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ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale
- Écrit par Pierre-Roger GAUSSIN
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