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DUHAMEL DU MONCEAU HENRI LOUIS (1700-1782)

Fils d'Alexandre du Hamel, seigneur de Denainvilliers, dans le Gâtinais, Duhamel du Monceau naît à Paris, fait ses études au collège d'Harcourt et, insatisfait de son savoir, forme le vœu de consacrer sa vie à la science. Pour être tout à elle, il ne se marie pas. Il habite près du Jardin du roi, l'un des rares endroits où il puisse apprendre ce qu'il désire savoir et où il fréquente Bernard de Jussieu, Goeffroy, Vaillant.

Sa première recherche personnelle porte sur la « mort du safran ». Au printemps, des feuilles sèchent, les bulbes noircissent et meurent et le mal s'étend de proche en proche dans le champ. Duhamel trouve au contact de l'oignon des corps rouge foncé d'où partent des filaments violets. Or un bulbe sain mis en terre dans un pot avec un corps rouge noircit et meurt, tandis que la terre est pleine de filaments violets : la mort est causée par un champignon parasite. Ce travail est publié dans les Mémoires de l'Académie des sciences en 1728, et Duhamel est nommé à un poste d'adjoint-chimiste dans cette même Académie ; en effet, il réalise quelques excellents travaux de chimie, donnant une définition parfaite de la méthode chimique. Il s'intéresse aussi à la physique. Mais c'est à juste titre qu'il devient associé-botaniste (1730), puis pensionnaire-botaniste (1738) à l'Académie ; car c'est de botanique que traite son œuvre principale.

Par exemple, il étudie la croissance de l'arbre ; faut-il croire, avec Malpighi, que c'est la couche interne de l'écorce qui produit une nouvelle couche de bois ? ou bien, avec Hales, que c'est le bois le plus jeune qui se développe vers l'extérieur ? ou bien serait-ce un suc gélatineux, le cambium, qui, s'amassant au contact du bois, en organiserait une couche nouvelle ? Il fait toutes sortes d'expériences ; greffes, mise en place d'une lame mince d'étain ou de fils d'argent qu'il fait passer à des niveaux divers, bois jeune, liber, écorce. Il les recherche dans le tronc après deux ou trois ans ; il montre ainsi que ce n'est pas le bois qui crée devant lui le bois jeune ; mais en l'absence de l'anatomie microscopique (qui n'existe pas encore), il ne peut prouver que le cambium est, comme il le croit, « un tissu cellulaire et vésiculaire » qui doit fournir la réponse à la question posée.

Inlassable travailleur, Duhamel publie dans les Mémoires de l'Académie les résultats de ses recherches : 95 articles parus en cinquante-trois ans. Dans tous ses travaux, il apporte à ses idées toutes les confirmations possibles, mais n'affirme jamais que ce que ses expériences ont prouvé.

Ayant conscience de devoir transmettre au public les lumières qu'il a acquises, il écrit à son intention des traités : Traité de culture des terres, qui prône la multiplication des labours, Traité pratique de la construction des vaisseaux, car il a été inspecteur général de la marine, et neuf traités relatifs au monde végétal : surtout la « Physique des arbres », qui contient sous une forme moderne les éléments de la botanique et qui ouvre un Traité général des forêts. De même, quand l'Académie entreprend en 1761 la publication de la collection des Arts, il en est l'un des principaux rédacteurs.

— Lucien PLANTEFOL

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Écrit par

  • : ancien professeur de botanique à la faculté des sciences de Paris, membre de l'Académie des sciences

Classification

Autres références

  • PHYSIOLOGIE ANIMALE (histoire de la notion)

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    • 4 771 mots
    • 5 médias
    ...du suc pancréatique (1664). Plus fine et plus précise, une technique comme l'addition périodique de colorants aux aliments des animaux avait permis à Duhamel du Monceau d'apporter quelque lumière sur le mode d'action du périoste dans la croissance des os (1739-1743). Le prélèvement ingénieux de suc gastrique,...