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EYDOUX HENRI-PAUL (1907-1986)

Écrivain de qualité, grand connaisseur de l'archéologie et de l'histoire de l'art, dont il a tant contribué à assurer la « diffusion » (pour reprendre un mot qu'il utilisait lui-même), Henri-Paul Eydoux est mort le 7 mai 1986.

Né à Tarbes en 1907, il fit ses études à Paris. Diplômé de l'École libre des sciences politiques, il occupa d'abord des fonctions administratives en Algérie. Mobilisé dans les Forces françaises libres, il y fut, en 1943, chef de section à la Direction générale des services spéciaux, et participa au débarquement de 1944. Il reçut la croix de guerre 1939-1945, la rosette de la Résistance et la « Medal of Freedom ». Après avoir rempli d'autres fonctions, il devint conseiller technique au cabinet de Jacques Soustelle, alors que celui-ci était gouverneur général de l'Algérie (1955-1956), puis ministre de l'Information (juill. 1958-janv. 1959) et ministre délégué auprès du Premier ministre (janv. 1959-févr. 1960).

Son œuvre, qui comprend une quarantaine de volumes, concerne avant tout trois domaines : l'histoire et la géographie de l'Afrique ; l'archéologie et l'architecture médiévales et modernes, et surtout l'archéologie classique, en particulier celle de la Gaule romaine. C'est au cours des années 1960 qu'il se consacra le plus assidûment à l'archéologie gallo-romaine ; il devint alors le grand intermédiaire entre les archéologues (universitaires ou amateurs) et le public cultivé, et ses livres atteignirent de forts tirages.

Ses qualités intellectuelles sont incontestables : une intelligence précise et concrète, beaucoup de compétence, une immense curiosité à l'égard de toute archéologie et de tout art, à quelque civilisation qu'ils soient liés ; un grand talent pour les explications claires, présentées en un style d'honnête homme où l'humour ne perd jamais ses droits.

Profondément courtois et gentil, Henri-Paul Eydoux recherchait, en humaniste qu'il était, le contact des esprits et des cœurs : le contact des anciens Romains et Gallo-Romains, dont chacun l'intéressait beaucoup plus que les structures sociales ou mentales de leur civilisation, mais aussi celui des archéologues passés et présents. Se promenant de fouille en fouille, il savait participer quelques heures à la vie du chantier ; quand, après la visite, tel un journaliste il rédigeait son reportage, il n'oubliait pas ses informateurs et savait évoquer en quelques phrases leur vie quotidienne et leur personnalité ; sans être dupe, il restait étranger à toute polémique, sauf à dénoncer globalement les insuffisances de la législation ou la pauvreté des crédits.

Passant du sanctuaire gallo-romain de Sanxay, dans le Poitou, à la nécropole mérovingienne d'Isle-Aumont ou du Trésor de Vix aux cryptoportiques de Bavai, il ne manquait jamais de mettre le monument en rapport avec son époque, avec ceux qui l'avaient fait réaliser, avec sa fonction et celle des monuments semblables ; et chacun de ses chapitres enrichissait de quelques numéros l'incroyable collection de ses brefs portraits. Portraits de Gaulois et de Romains, d'archéologues et de mécènes. Rien ne le réjouit davantage que la généreuse quête de Burrus, industriel au nom prédestiné qui, au xxe siècle, partit en Avignon à la recherche de l'antique Burrus, son illustre homonyme, conseiller de Néron et Voconce de naissance (Réalités et énigmes de l'archéologie, pp. 140-141).

Mais par son ampleur, par la richesse de la documentation et la qualité de l'illustration, son dernier livre, L'Archéologie, histoire des découvertes, est d'une certaine manière son chef-d'œuvre. Tenant grand compte des évolutions et des recherches les plus récentes, Henri-Paul Eydoux, amateur de l'objet et du monument, sait y définir en quelques pages l'archéologie[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, docteur ès lettres

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