SÉGUR HENRI PHILIPPE (1724-1801) maréchal de France
Le marquis de Ségur n'est pas passé à la postérité pour sa participation aux guerres de Succession d'Autriche, de Sept Ans ou de l'Indépendance américaine (qu'il fit aux côtés de La Fayette et de Noailles). Mais, ministre de la Guerre de 1780 à 1787, il signe l'édit du 28 mai 1781, qui exige de tout candidat à l'état d'officier qu'il fasse preuve de quatre quartiers de noblesse. C'est l'accès de la roture à l'épaulette quasiment fermé. Cette mesure, que Ségur prit à contrecœur sous la pression du comte d'Artois, apparaît comme l'exacerbation d'un esprit de caste particulièrement rétrograde. Elle est en fait la caricature d'une pensée plus généreuse, celle du chevalier d'Arc, auteur de La Noblesse militaire (1756), où il préconise une noblesse « pure et dure » consacrée au métier des armes, celui-ci devant échapper aux nouvelles puissances d'argent. « Les richesses qui corrompent tout sont désormais un titre suffisant pour prétendre à toutes les places », affirmera un contemporain de Ségur qui réclamait donc pour la seule noblesse l'accès aux emplois militaires. Mais le chevalier d'Arc avait, lui, prévu que tout roturier qui se serait distingué comme soldat pourrait être élevé à la noblesse, ce qui lui ouvrait l'accès à l'épaulette. Cette suggestion ne fut pas retenue par Ségur. L'édit de 1781, interdisant l'avancement à de nombreux bas-officiers issus de la bourgeoisie et entrés dans l'armée dans l'espoir d'une promotion rapide, fit d'eux des révolutionnaires en puissance.
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Écrit par
- Jean DELMAS : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre
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