POUSSEUR HENRI (1929-2009)
Considéré comme le plus brillant représentant de la musique belge contemporaine, le compositeur et théoricien Henri Pousseur s'est engagé dans une aventure musicale « qui dépasse le simple domaine de la prospection du son et rejoint par ses préoccupations celle où peuvent être engagés d'autres esprits en d'autres domaines : André Souris en esthétique, Michel Butor dans l'ordre du langage, deux personnalités qui ont beaucoup compté dans sa recherche personnelle. » (Brigitte Massin).
Le sérialisme intégral
Né le 23 juin 1929 à Malmedy, Henri Léon Marie Thérèse Pousseur accomplit ses études musicales aux conservatoires de Liège (1947-1952) – où Pierre Froidebise et André Souris l'initient à la musique de Webern – et de Bruxelles (1952-1953), où il remporte un premier prix de fugue dans la classe de Jean Absil. Sa rencontre avec le plus radical des trois Viennois s'avérera décisive quant au choix de son langage musical : si l'une de ses toutes premières œuvres (la Sonatine, pour piano, écrite durant ses années d'études, en 1949) est dodécaphonique, c'est bientôt vers le sérialisme intégral (où le principe de la série est étendu à tous les paramètres du son : hauteur, durée, intensité, rythme, timbre, nuances...) qu'il se tournera. Il rencontre Pierre Boulez à Royaumont en 1951 – année de la création de la première œuvre de musique sérielle intégrale, Polyphonie X, pour dix-huit instruments, signée de ce jeune créateur – et se lie bientôt d'amitié avec Karlheinz Stockhausen et Luciano Berio. Appartenant aux sériels purs et durs de la première heure, Pousseur éprouve pour Webern une fascination qui transparaît jusque dans les choix des titres et de la nomenclature des œuvres de cette période, comme Trois Chants sacrés, pour soprano et trio à cordes (1951), la Symphonie à quinze solistes (1954) ou le Quintette à la mémoire d'Anton Webern, pour clarinette, clarinette basse, violon, violoncelle et piano (1955). Aux côtés des figures emblématiques de l'avant-garde – Boulez, Berio, Stockhausen, Jean Barraqué, Bruno Maderna, Luigi Nono, Franco Donatoni... –, il participe à l'animation de lieux désormais « historiques » – « cours d'été internationaux pour la nouvelle musique » de Darmstadt, festival de musique contemporaine de Donaueschingen – et aux premières heures du Domaine musical. Passionné par l'utilisation de la bande magnétique, il réalise Séismogrammes au Studio für Elektronische Musik de la Radio de Cologne (W.D.R., 1954 ; cette page sera présentée sur les antennes de la W.D.R. comme étant l'une des sept premières pièces spécifiques de ce genre), et Scambi au Studio di Fonologia musicale de la R.A.I. de Milan (1957).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
Classification
Autres références
-
IMPROVISATION MUSICALE
- Écrit par André-Pierre BOESWILLWALD , Alain FÉRON et Pierre-Paul LACAS
- 5 113 mots
- 3 médias
...absorbé l'aléatoire. Les idées font cependant leur chemin, les possibilités se diversifient, de nouveaux rapports créateur-interprète-auditeur apparaissent. Henri Pousseur, avec Votre Faust (1967), laisse le soin de l'élaboration formelle et musicale au public (sollicité pour choisir l'action et son orientation... -
ROBERT JEAN-LOUIS (1948-1979)
- Écrit par Alain FÉRON
- 1 010 mots
Pianiste, compositeur et pédagogue belge, Jean-Louis Robert, né en 1948 à Haine-Saint-Pierre (Hainaut), mort en mai 1979 dans un accident de voiture, s'est efforcé de modifier profondément les relations entre le compositeur, l'interprète et le public. Il est, en octobre 1971, l'un des premiers inscrits...