POUSSEUR HENRI (1929-2009)
Citations et collages
Une autre particularité va devenir comme la signature de Pousseur : l'emprunt du matériau de certaines de ses pièces, qu'il développe de façon nouvelle ; cette démarche (proche du work in progress) induit le terme « œuvres satellites » pour qualifier ces partitions reliées entre elles par un noyau commun originel. Ainsi en est-il, à partir de Votre Faust, de Miroir de Votre Faust, pour piano et soprano ad libitum (1964-1965), de Portail de Votre Faust (1960-1966 ; extraits de Votre Faust exécutés en concert), de Jeux de miroirs de Votre Faust (1966-1967), d'Échos de Votre Faust, pour voix de femme, flûte, violoncelle et piano (1969), de Parade de Votre Faust, pour orchestre (1974), des Ruines de Jeruzona, pour chœur mixte et « section rythmique » (1978), de La Passion selon Guignol, pour quatuor vocal électrifié et orchestre (1981), d'Aiguillages au carrefour des Immortels, pour 16 ou 17 instruments solistes (2002), d'Il sogno di Leporello (Leporellos Traum), pour orchestre (2005).
De 1964 à 1966, Pousseur compose Apostrophe et six Réflexions, pour piano, et, en 1967, toujours avec Butor, Couleurs croisées, pour grand orchestre. Cette dernière page, immense fresque sonore se développant à partir du chant intégrationniste américain We Shall Overcome, emblématique des mouvements pour les droits civiques, consacre (et cela, avant l'achèvement définitif de Votre Faust) l'éclatante viabilité de son concept d'harmonie généralisée : son langage harmonique évolue du chromatisme à la consonance grâce à des transformations qui mettent en jeu la monodie, l'homophonie, l'antiphonie et la polyphonie. Mnémosyne, « monodie pour voix ou instrument solo ou chœur à l'unisson » (1968), tirera de ce singulier concept un système d'improvisation conçu afin d'articuler et de développer une... mélodie. Pousseur développera ce système d'improvisation dans Mnémosyne II, pour effectif variable (1969), sous-titré « système d'improvisation individuelle ou collective sur la base de Mnémosyne », et dans Icare apprenti (1970), où il s'applique à « un nombre indéfini d'interprètes ». Pédagogue dans l'âme, il donne des cours à Darmstadt de 1957 à 1967, et son activité d'enseignant le conduit à la Musikhochschule de Cologne (1962-1968), à la Musik-Akademie de Bâle (1963-1964), puis à l'université de l'État de New York à Buffalo (1966-1968). Rentré en Belgique, il fonde en 1970, à Liège, avec notamment Pierre Bartholomée et Philippe Boesmans, le Centre de recherches et de formation musicales de Wallonie (C.R.F.M.W.). Cinq ans plus tard, il prend la direction du Conservatoire de Liège, dont il va rénover profondément les méthodes pédagogiques, le transformant en un lieu dynamique de transmission, ouvert à toutes les musiques.
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Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
Classification
Autres références
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