Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RENAUD HENRI (1925-2002)

Une des figures centrales du jazz français de l'après-guerre, Henri Renaud a mené une carrière aux multiples facettes : le pianiste, sobre et sensible, sera choisi par les plus grands solistes américains ; lorsqu'une excessive modestie l'aura éloigné de la scène, il sera un directeur artistique, un producteur, un chroniqueur et un compositeur unanimement respecté.

Henri Renaud naît le 20 avril 1925 à Villedieu-sur-Indre, près de Châteauroux. Sa mère, institutrice, veille à ce qu'il commence tôt son éducation musicale : il aborde le violon à cinq ans et adopte le piano trois ans plus tard. Grâce à la radio, il découvre le jazz en 1937 : c'est la révélation. Il monte à Paris en 1946, bien décidé à se faire un nom parmi les jazzmen professionnels. Le jeune musicien se fait remarquer dans un restaurant du boulevard Saint-Michel où il joue du piano. Le batteur Gérard « Dave » Ponochet puis le saxophoniste Jean-Claude Fohrenbach l'engagent. Il accompagne notamment les saxophonistes Don Byas (1946) et James Moody (1949), le trompettiste Roy Eldridge (1950) et le bluesman Big Bill Broonzy. Sa réputation grandissante lui permet de monter en 1951 un petit ensemble au Tabou, cabaret fief de Boris Vian, et d'enregistrer sous son nom dix titres de bop pour le label Saturne, avec Bobby Jaspar et Sandy Mosse au saxophone ténor, Jimmy Gourley à la guitare, Pierre Michelot à la basse et Pierre Lemarchand à la batterie (les cinq 78-tours – dits picture discs – ont été réédités par Harmonia Mundi en 2001 sous la forme d'un CD, The Complete Legendary Saturne Picture Discs). On peut entendre Henri Renaud au Tabou avec un excellent guitariste qui n'est pas encore chanteur de charme, Sacha Distel. Il y sera le partenaire incontournable de tous les boppers français et des célébrités américaines de passage, comme Lester Young, Sarah Vaughan ou Clifford Brown. Pour animer les soirées que donne Eddie Barclay au Bœuf sur le toit, il prend en 1952 la tête d'un big band qui laissera de mémorables traces discographiques ; on y reconnaît Jean-Louis Chautemps, Benoît Quersin et Fats Sadi. En 1953, avec quelques membres de l'orchestre de Lionel Hampton – Quincy Jones, Jimmy Cleveland, Gigi Gryce, Art Farmer... –, il organise à l'insu de leur leader quelques séances d'enregistrement pour Vogue. Cette même année, il s'envole pour New York où les studios l'appellent pour donner la réplique à Milt Jackson, Al Cohn, Jay Jay Johnson, Oscar Pettiford, Max Roach, Kai Winding et Tal Farlow. De retour à Paris en 1954, il inaugure le club Le Caméléon ; au Ringside, il dirige un quintette où l'on distingue Jimmy Gourley et Barney Wilen. En 1955, il forme un quartette avec Jay Cameron. Au disque, il s'associe avec Lee Konitz, Zoot Sims (1953), Frank Foster, René Thomas, Bob Brookmeyer, Roy Haynes (1954), Lucky Thompson (1956) Allen Eager (1957), sans oublier la chanteuse June Richmond, qu'il accompagnera jusqu'en 1959. Pilier des clubs de jazz américains et français, Henri Renaud se produit au Birdland de New York avec Philly Jo Jones, puis à Paris au Blue Note avec Kenny Clarke et aux Trois Mailletz avec Buck Clayton et Dominique Chanson (1962). Après une dernière apparition au Gyllene Cirkeln de Stockholm en 1964, l'interprète fait ses adieux au public. Les amateurs gardent en mémoire la finesse de son toucher, l'élégance fluide d'un phrasé aérien, l'intelligence de ses choix harmoniques et cet amoureux rapport au silence qu'il avait emprunté à Lester Young.

Une véritable seconde carrière s'ouvre à lui. Nommé en 1965 directeur du département jazz de la maison de disques C.B.S. (qui sera absorbée par Sony), il entreprend un impressionnant programme de rééditions – Duke Ellington, Count Basie, Jimmie Lunceford, Teddy Wilson, John Kirby, James[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification