ROL-TANGUY HENRI (1908-2002)
« Le colonel Rol, commandant les F.F.I. de l'Île-de-France ». Ces mots manuscrits dans l'en-tête d'un exemplaire des conventions de reddition signées par le général von Choltitz, commandant du Gross-Paris, le 25 août 1944, et la signature Rol, sur la même ligne que celle du général Leclerc au bas de ce document historique, ont fait d'Henri Rol-Tanguy « une figure mythique de la libération de Paris », selon la formule du président Chirac, prononcée dans la cour des Invalides, le 12 septembre 2002, quatre jours après sa mort à Paris. Auparavant, le communiqué officiel de l'Élysée avait rendu hommage « au patriote ardent, acteur et témoin d'événements inoubliables », cependant que les dirigeants du P.C.F. saluaient leur « magnifique militant », communiste depuis 1925.
Né le 12 juin 1908 à Morlaix, fils de marin, Henri Tanguy devient ouvrier métallurgiste en 1922 ; en 1936, il est responsable de la C.G.T. de la métallurgie pour la région parisienne. Engagé en Espagne l'année suivante, il est nommé commissaire politique de la 14e Brigade internationale et participe à l'offensive de l'Ebre en juin 1938, lors de laquelle il est blessé. Président de l'Amicale des anciens volontaires en Espagne républicaine, il assurera la première veille d'honneur d'André Malraux, la nuit précédant la panthéonisation du coronel en 1996, après que l'Assemblée eut accordé la carte du combattant aux anciens d'Espagne.
Sous l'Occupation, Henri Tanguy est l'un des responsables des groupes armés constitutifs des Francs-tireurs et partisans (F.T.P.) ; il est chargé de leur réorganisation en Île-de-France à partir d'avril 1943. Après une cascade d'arrestations, il devient, en juin 1944, chef régional des Forces françaises de l'intérieur (F.F.I.) et prend le nom de Rol. Dans le soulèvement parisien, son ardeur combative a contribué aux images d'une ville se libérant elle-même. Il lance l'insurrection le 19 août 1944, alors que ses 5 000 combattants actifs ne disposent que de 4 mitrailleuses, 20 fusils-mitrailleurs, 83 mitraillettes, 562 fusils et 825 revolvers. N'hésitant pas à rompre la trêve négociée par Alexandre Parodi, il déplore 3 467 blessés et près de 1 000 morts. Ce sang versé par les F.F.I. justifie qu'il signe la reddition des occupants.
Avec cette suggestion, Chaban-Delmas, délégué militaire national, expose le général Leclerc à l'irritation de Charles de Gaulle, mais le chef de la 2e D.B. veut « rassembler les Français qui avaient refusé de cesser le feu et ceux qui avaient refusé de courber le front ».
Si, lors de la soirée d'hommage organisée à Montreuil, les orateurs ont occulté la mémoire du commandant en chef de Rol, Charles Tillon, les archives retiennent qu'il obéissait à une stratégie définie par Tillon et son comité militaire national : un courrier adressé à Rol le 8 août 1944 précise que les F.T.P. de la région parisienne devaient coordonner totalement leurs moyens avec les autres F.F.I. en appliquant un seul mot d'ordre : « Ouvrir aux Alliés la route de Paris ; cette tâche [devant] être coordonnée avec l'avance alliée. » Ce fut d'ailleurs aussi pour s'être « distingué dans l'action héroïque grâce à laquelle Paris a été libéré » que Tillon fut nommé ministre, comme l'écrivit, le 9 septembre 1944, le général de Gaulle. Mais les combats des métallurgistes bretons Rol et Tillon, en Espagne et en France, se sont assurément nourris de leurs responsabilités cégétistes et c'est légitimement que Bernard Thibault, secrétaire général de la C.G.T., a évoqué la lutte syndicale, « matrice de toutes les résistances, [...] contribuant à tresser le fil rouge de l'émancipation humaine ».
Après son engagement[...]
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Écrit par
- Charles-Louis FOULON : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)
Classification
Autres références
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LIBÉRATION, France (1944-1946)
- Écrit par Jean-Marie GUILLON
- 3 944 mots
- 4 médias
...commandant en chef des forces alliées en Europe, entend contourner la capitale pour des raisons stratégiques et pratiques, l'état-major F.F.I. dirigé par Henri Rol-Tanguy appelle à l'insurrection le 19 août, organise la prise de contrôle des lieux de pouvoir, désapprouve la trêve négociée le 20 entre le...