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HENRI V (1081-1125) empereur germanique (1106-1125)

Fils de l'empereur Henri IV, Henri V avait été couronné roi en 1099. Bien qu'il fût l'héritier en titre de l'Empire, il se révolta contre son père, de 1104 à 1106. Par la ruse, il obtint que ce dernier se défît de son armée, se saisit alors de lui, l'emprisonna et se fit donner les Reichsinsignien qui lui permirent de se faire couronner à nouveau en 1106.

Il se peut qu'il ait préféré sacrifier son père au parti de l'opposition. La politique de Henri IV en faveur des villes et de la petite noblesse, qui fournissait les fonctionnaires de l'Empire, avait irrité les princes et le haut clergé, qui envisageaient de détrôner l'empereur, d'ailleurs excommunié, et d'en élire un autre. Peut-être Henri s'est-il posé en rival pour éviter que la couronne ne sorte de la famille des Saliens ?

À partir du moment où il eut le pouvoir, Henri V adopta le même comportement que son père. Il pratiqua l'investiture des évêques, au mépris des règles édictées par les papes, et s'appuya sur la bourgeoisie des villes. Finalement, il eut les mêmes ennemis que Henri IV, les princes, laïcs et ecclésiastiques, bien que certains, comme Lothaire de Supplinburg, duc de Saxe, tinssent leurs territoires de l'empereur dont ils avaient soutenu la révolte en 1104-1106.

En 1115, il parvint à incorporer dans les domaines de l'Empire les fiefs italiens qui avaient appartenu à la margravine Mathilde de Toscane, les alleux (terres sans suzerain) allant au Saint-Siège.

Après de longues et difficiles négociations qui se rompirent plusieurs fois à partir de 1109, il réussit pourtant en 1122 à régler la question des investitures. Lambert d'Ostie, légat du pape Calixte II, l'un des cardinaux les plus intelligents, sut ménager son interlocuteur : Henri V, excommunié, fut absous sans faire acte de pénitence. Puis l'empereur reconnut à l'Église l'investiture avec la crosse et l'anneau, symboles du pouvoir spirituel, et l'envoyé du pape signa un acte qui accordait à Henri V le droit d'assister en personne, ou par l'intermédiaire d'un représentant, à l'élection des évêques et des abbés et de les investir du pouvoir temporel en leur donnant le sceptre. Le sacre avait lieu ensuite en Allemagne, tandis qu'en Italie et en Bourgogne l'empereur investissait au temporel après le sacre et ne pouvait par conséquent intervenir dans l'élection.

Pour arriver au concordat de Worms, qui terminait la querelle des Investitures et parachevait en Allemagne l'œuvre de réforme ecclésiastique entamée au siècle précédent, il avait fallu cinquante ans de guerres, de manœuvres frauduleuses, de schismes et d'excommunications qui laissaient l'Empire et la papauté amoindris. Les hommes politiques cependant avaient compris que le césaropapisme instauré par Charlemagne et rénové par les Ottoniens était devenu caduc, et qu'il fallait désormais distinguer entre les fonctions spirituelles du haut clergé et le statut de princes séculiers dont jouissaient ses membres. Le pape Pascal II avait même suggéré au concordat de Sutri, en 1111, la sécularisation de tous les biens ecclésiastiques en Allemagne. L'opposition fut très vive à la cour de Henri V qui n'intervint pas lui-même, mais laissa les siens manifester leur réprobation. D'ailleurs, pour les partisans de la réforme grégorienne, l'aliénation des biens d'Église était interdite par le droit canon.

En 1123, Henri V entre en conflit ouvert avec Lothaire de Supplinbourg, mais il meurt sans héritier avant d'avoir eu le temps de réduire cette révolte.

Il avait transmis les Reichsinsignien à sa femme Mathilde, fille du roi Henri Ier d'Angleterre, espérant que son neveu Frédéric de Hohenstaufen pourrait accéder à l'Empire. Ce fut Lothaire, son adversaire depuis plusieurs[...]

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale de Tunis

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