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WALLON HENRI (1879-1962)

Les stades du développement de la personnalité

La psychologie de Wallon consiste, pour l'essentiel, en une théorie des stades de développement de la personnalité enfantine. La personnalité est une construction progressive, où se réalise l'intégration, selon des rapports variables, de deux fonctions principales : l' affectivité, d'une part, liée aux sensibilités internes et orientée vers le monde social, la construction de la personne ; l' intelligence, d'autre part, liée aux sensibilités externes et orientée vers le monde physique, la construction de l'objet.

Le développement de la personnalité progresse selon une succession de stades, dont chacun constitue un ensemble original de conduites, caractérisé par un type particulier de hiérarchie entre ces deux fonctions. Ainsi s'institue une alternance entre deux types de stades : les uns marqués par la prédominance de l'affectivité sur l'intelligence, les autres par la prédominance inverse de l'intelligence sur l'affectivité. Le passage d'un stade à un autre présente donc un aspect discontinu, ce qui n'exclut pas néanmoins la continuité d'ensemble du développement. Cette continuité s'exprime en particulier dans les phénomènes de chevauchement : les stades à dominance affective comportent, à titre subordonné, une évolution des conduites intellectuelles, et vice versa.

1. Les stades impulsif et émotionnel (de 0 à 3 mois, puis de 3 mois à 1 an) sont marqués par le primat des sensibilités internes et du facteur affectif. Une première période, dite impulsive, jusqu'à 3 mois, se caractérise par le désordre gestuel. Dans une seconde période, la réponse de l'entourage humain à l'enfant organise progressivement ce désordre en émotions différenciées. L'émotion constitue la source commune de la conscience, du caractère et du langage.

2. Le stade sensori-moteur et projectif (de 1 à 3 ans) s'institue avec la prédominance des sensibilités externes et de la fonction intellectuelle. L'enfant y développe deux types d'intelligence, qui sont d'ailleurs en rapport l'une avec l'autre : l'intelligence pratique (« des situations »), liée à la manipulation des objets ; l'intelligence représentative (« discursive »), liée à l'imitation et au langage. Au cours d'une période dite projective (de 2 ans et demi à 3 ans), la pensée naissante ne peut prendre consistance qu'en s'extériorisant, en se projetant dans le geste imitatif.

3. Le stade du personnalisme (de 3 à 6 ans) restaure la primauté de la fonction affective sur l'intelligence. Il débute par la crise de personnalité (crise de 3 ans), au cours de laquelle l'enfant s'oppose à tout, en une « sorte d'escrime » à l'égard de l'adulte : c'est « l'âge du non, du moi, du mien ». À ce négativisme succède, à 4 ans environ, « l'âge de la grâce » : filant le geste pour lui-même, l'enfant s'ingénie à séduire, dans une sorte de « narcissisme moteur ». Enfin, à 5 ans environ, il s'attache à imiter l'adulte prestigieux dans ses rôles sociaux, en une attitude ambivalente d'admiration et de rivalité.

4. Le stade catégoriel (de 6 à 11 ans) se caractérise à nouveau par la prépondérance des activités intellectuelles sur les conduites affectives. C'est le début de l'âge scolaire : l'enfant y devient capable d'attention, d'effort, de mémoire volontaire. La pensée se développe à partir d'une période de confusion initiale (syncrétisme) jusqu'à la formation des « catégories » mentales. Celles-ci lui permettent la représentation abstraite des choses et l'explication objective du réel.

5. Le stade de l'adolescence (à partir de 11 ans) marque un renouveau des[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de psychologie et d'épistémologie à l'université de Paris-Nord

Classification

Autres références

  • IMITATION, psychologie

    • Écrit par
    • 1 985 mots
    L’imitation immédiate cède alors la place aux imitations de rôles prestigieux dont l’enfant cherche à dépouiller les adultes qu’il admire et jalouse. Selon Wallon, ces imitations ne sont pas sans rapport avec les identifications qui participent à la construction de la personne.
  • INTÉRÊT, sciences humaines et sociales

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    • 1 média
    ...ainsi que l'a montré Maurice Merleau-Ponty dans l'exposé qu'il a donné de l'inflexion apportée par Jacques Lacan aux analyses d' Henri Wallon, nous n'assistons pas seulement, en l'occurrence, à l'émergence d'un moi imaginaire, mais à la naissance même de l'intérêt pour le moi. Merleau-Ponty...
  • LANGEVIN-WALLON PLAN

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  • OCÉANOGRAPHIE

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