GRINDAT HENRIETTE (1923-1986)
La photographe Henriette Grindat est née à Lausanne en 1923 ; elle a suivi, dans un établissement privé, des études sans histoires jusqu'en 1944 où elle entre à l'École de photographie de Lausanne.
De 1945 à 1948, elle fait son vrai apprentissage à la célèbre école suisse de Vevey avant de travailler, comme photographe indépendante, à partir de 1949 pour de nombreux magazines et revues qui apprécient son approche directe du reportage. À cette époque, Henriette Grindat, à la manière des photographes des années 1950, construit au moyen de son Rolleiflex des images charpentées et parfois spectaculaires que toute la presse suisse publie régulièrement. Pourtant, à côté de ce « travail », la jeune femme, curieuse et déterminée, passionnée par les surréalistes, se livre à nombre d'expériences formelles. Du collage à la solarisation, des photogrammes à la surimpression, elle invente des images dans lesquelles nature et paysage jouent un rôle essentiel. Elle se lassera rapidement de ce « surréalisme » du bizarre et de l'association, pour revenir à un type de reportage subjectif qui fait d'elle une des créatrices originales des années 1950.
C'est alors qu'elle découvre les diverses formes d'édition photographique. En 1950, elle publie, à tirage limité (avec trente photographies originales), Postérité du soleil, préfacé par René Char et accompagné d'un texte d'Albert Camus. Cet ouvrage rare sera réédité en 1965 en édition courante. La collaboration avec des écrivains sera poursuivie, avec, entre autres, Francis Ponge pour À la rêveuse matière publié en 1963. Son travail avec les éditions Claire Fontaine et la Guilde du livre de Lausanne, dirigées par Charles Henri Favrod (qui signera le texte de l'ouvrage consacré au Nil), est un des axes fondamentaux de la carrière d'Henriette Grindat. Comme si les nus, les paysages, le travail personnel sur la matière n'étaient que d'éternelles tentatives, cette photographe, que publient aussi bien le mensuel DU à Zurich que Arts et métiers graphiques à Paris, U.S. Camera à Washington et Merian à Hambourg, se consacre essentiellement à l'imprimé. Une série de « beaux livres » imprimés en héliographie racontent l'Algérie et l'Autriche, les réalisations du facteur Cheval ou la Méditerranée.
Durant les dernières années de sa vie, qui virent sa reconnaissance par le monde officiel de la photographie, Henriette Grindat connut les honneurs du musée et des expositions. Elle se préoccupa encore beaucoup d'édition : tirages de tête, ouvrages limités, etc. Elle reste, tant par son sens aigu de la relation au texte que par sa liberté de décision quant aux champs d'investigation visuels, un exemple rare de liberté photographique, et – quel que soit son style, quelque datées que puissent apparaître certaines de ses images – un exemple de compréhension des fonctionnements de la photographie.
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Écrit par
- Christian CAUJOLLE : directeur artistique de l'agence et de la galerie Vu, Paris
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