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BARRAUD HENRY (1900-1997)

L’homme de radio exceptionnel qu’était Henry Barraud a jeté une ombre préjudiciable sur le compositeur. Pendant une vingtaine d’années, il a en effet présidé, avec un sens de l’engagement personnel qui laissait peu de place à ses propres activités créatrices, aux destinées musicales de la Radiodiffusion française, puis de la R.T.F. et de l’O.R.T.F.

Henry Barraud naît à Bordeaux le 23 avril 1900 dans une famille de négociants en vins et travaille d'abord dans l’entreprise familiale. Puis il étudie la musique en autodidacte. Après avoir reçu quelques conseils de Julien-Fernand Vaubourgoin, il vient à Paris et entre, en 1926, au Conservatoire dans la classe d’orchestration de Louis Aubert. Mais il en est renvoyé un an plus tard. Il travaille alors la composition avec Paul Dukas, le contrepoint et la fugue avec Georges Caussade. Il s’insère progressivement dans la vie musicale très active de la capitale : pendant six ans, il est inspecteur à la S.A.C.E.M., puis il participe à la fondation d’une société musicale destinée à faire connaître la musique contemporaine, Le Triton. Il joue un rôle essentiel dans la direction artistique de ce groupe et son talent de gestionnaire artistique est vite reconnu. En 1937, il se voit confier la direction des manifestations musicales de l'Exposition universelle de Paris. Ses premières œuvres rencontrent un grand succès : Poème pour orchestre (1931), Quatre préludes pour orchestre à cordes (1928-1935), créés par Charles Münch en 1938, Trio d’anches (1935). Mais la guerre interrompt cet essor : son opéra-comiqueLa Farce de Maître Pathelin (1938) attendra dix ans avant d’être représenté à Paris, salle Favart. Les premiers drames de la guerre lui inspirent sa meilleure œuvre pour orchestre, Offrande à une ombre (1941-1942), à la mémoire du compositeur Maurice Jaubert, tombé au front.

À la Libération, en 1944, Henry Barraud est nommé directeur musical de la Radiodiffusion française. C’est lui qui organise la première tournée de l’Orchestre national aux États-Unis, en 1948. La même année, il est directeur de la Chaîne nationale, ancêtre de France-Culture. L’essentiel des programmes musicaux sont alors diffusés sur cette chaîne et Henry Barraud a en réalité la responsabilité des activités musicales – diffusion et création – de la Radiodiffusion française. On lui doit la fondation de la Maîtrise (1946) et du Chœur de la Radiodiffusion française (1947), la création de la chaîne France-Musique et le regroupement de l’ensemble des activités musicales radiodiffusées dans le bâtiment de la Maison de la Radio, inauguré en 1963. Après sa retraite, en 1966, il continue à être présent sur les ondes avec une émission hebdomadaire, « Regards sur la musique », qui reste un modèle d’approche et d'analyse de la musique. On retrouve cette simplicité dans ses livres : Berlioz (1955), La France et la musique occidentale (1956), Pour comprendre les musiques d'aujourd'hui (1968), Les Cinq Grands Opéras (1972).

Pendant toute sa carrière d'administrateur musical, seuls ses loisirs sont consacrés à la composition. Sa musique, qui s'exprime dans un langage modal et chromatique, est le reflet de son immense culture et d'un raffinement intellectuel profond. Elle se caractérise par une grande liberté d'écriture et rejoint, à partir de 1960, la démarche de Debussy, abandonnant tout développement au profit d'une « musique qui ne revienne jamais sur elle-même ». Son ballet d'après La Fontaine, L'Astrologue dans le puits (1948), est créé à l'Opéra de Paris en 1950 dans une chorégraphie de Serge Lifar. Pendant trois ans (1949-1952), il se consacre à une tragédie lyrique d'après Cervantès, Numance, également créée au Palais Garnier (1955), et dont il tire une symphonie. Charles Münch révèle sa Troisième Symphonie[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

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  • ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE

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