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BAUCHAU HENRY (1913-2012)

Henry Bauchau - crédits : Frederic Souloy/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Henry Bauchau

La vie de Henry Bauchau, issu de familles aisées liées au droit, à la sidérurgie, aux industries brassicoles et à la vie politique inscrit en elle la complexité de l'histoire belge. Né à Malines (Belgique) le 22 janvier 1913, élevé à Bruxelles à partir de 1918, il voit se mêler dans ses ascendants directs, comme dans ses résidences secondaires, le nord et le sud du pays – certes au sein d'une classe sociale qui parle tout uniment le français. Dans ce contexte privilégié, il éprouve un sentiment de marginalisation et de faille insidieuse dû aussi bien au caractère solaire de son frère aîné qu'à la position latérale occupée par son père au sein de sa famille. Ces blessures originaires, que d'autres viendront renforcer par la suite, l'amènent tardivement – son premier recueil, Géologie, paraît chez Gallimard en 1958 – à la publication d'une œuvre qui se place tout entière sous le signe des « peuple(s) du désastre », titre qu'il avait souhaité donner à son roman L'Enfant bleu (2004).

Apprentissage de la transformation

Henry Bauchau, le mythe et l'Histoire - crédits : AFP

Henry Bauchau, le mythe et l'Histoire

Fille du xxe siècle, la vie de Henry Bauchau s'ouvre au seuil de la Première Guerre mondiale qui met fin à la « Belle Époque » de sa classe d'origine et voit l'enfant séparé de ses parents au moment du repli de l'armée belge sur Anvers. En compagnie de ses grands-parents, il survit à l'incendie de Louvain perpétré par les troupes allemandes, dont il donnera une saisissante évocation dans son premier roman, La Déchirure (1965). Il ressent douloureusement le fait que son père ne soit pas revenu en héros du front de l'Yser. Cette blessure symbolique inspirera Le Régiment noir (1972), roman dans lequel il dote son père d'un destin mythique. Il y inscrit également son rapport à l'écriture, comme sa position par rapport à l'héritage industriel familial – héritage qui est celui de l'Occident conquérant des derniers siècles.

Sur le traumatisme de 1914-1918, l'écrivain est encore revenu dans En noir et blanc (2005). Il y souligne sa perception de la « présence étrangère » et du « petit pays menacé » dans sa substance même par des voisins jadis « admirés », devenus des « barbares » qui l'obligent non seulement « à découvrir le monde dans la haine » mais l'installent de force dans une « Babel » périlleuse. L'arrogance d'une langue qui ne donnait que des ordres, comme la menace d'annexion de la Belgique est tout à l'opposé de « la diversité que souhaitaient les gens de chez nous. Nous pressentions pourtant qu'il y avait aussi une espérance dans l'unité mais nous ne pouvions la reconnaître sous le masque de la force. J'avais peut-être découvert, dans de brefs mouvements intérieurs ou dans un dévoilement inattendu de la nature, la présence d'une unité bien différente de celle que les autres voyaient en moi ». Ces hantises, qui se retrouvent dans l'œuvre – explicitement dans Le Régiment noir, et en référence aux menaces de la langue et de la force, dans Œdipe sur la route (1990), ne sont pas étrangères à certains des problèmes rencontrés par Bauchau lorsqu'il se voulut homme d'action dans l'Histoire.

Le jeune homme de bonne famille se délivre du catholicisme traditionnel de son milieu en passant par une phase mystique, sous l'influence de son amitié pour Raymond De Becker, futur rédacteur en chef du Soir volé (1940-1943). Il évoque son souvenir dans La Sourde Oreille (1981), seule œuvre clairement autobiographique composée en longues laisses lyriques. Il rencontre par ailleurs le père jésuite Arendt, qui le met en contact avec les milieux ouvriers, et le chanoine Leclercq, son mentor jusqu'en 1940, qui le fait entrer à la rédaction de La Cité chrétienne. « Mais était-ce le temps d'une nouvelle église et de[...]

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Écrit par

  • : directeur des Archives et du musée de la Littérature, Bibliothèque royale Albert-Ier, Bruxelles

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Médias

Henry Bauchau - crédits : Frederic Souloy/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Henry Bauchau

Henry Bauchau, le mythe et l'Histoire - crédits : AFP

Henry Bauchau, le mythe et l'Histoire

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