CAVENDISH HENRY (1731-1810)
La densité du globe terrestre
Mais, aux yeux des physiciens, la plus fameuse contribution de Cavendish touche à sa détermination expérimentale de la densité du globe terrestre, qu'il publie en 1798 (Experiences to Determine the Density of the Earth, in Philosophical Transactions). La question avait déjà été envisagée par Newton qui conjectura une valeur comprise entre 5 et 6. La détermination de cette valeur appartient à la théorie de la gravitation, qui fait intervenir les irrégularités de la figure de notre globe. Celles-ci se sont d'abord manifestées par les variations de la longueur du pendule battant la seconde, en fonction de la latitude terrestre. Au cours de la célèbre expédition géodésique organisée par l'Académie des sciences dans les terres australes, Bouguer étudie, en 1738, sur les flancs du Chimborazo, les variations du pendule en fonction de l'altitude. Comme ses déterminations ne répondaient pas à la loi newtonienne du carré de l'inverse de la distance, il attribua judicieusement les écarts à l'attraction propre de la masse montagneuse ; il tenta alors, mais sans succès, de mesurer la déviation du fil à plomb au voisinage de la montagne, en se référant à des repères astronomiques. Le problème est repris à partir de 1772 en Grande-Bretagne par un Committee of attraction de la Royal Society. Des mesures plus précises de déviation sont faites sur diverses stations d'une montagne assez régulièrement conique de l'Écosse, le Schiehallion. Cavendish, qui avait activement collaboré aux travaux de ce comité, traitera la question d'une tout autre manière, en développant une idée de son ami J. Michell. Il s'agit dans cette méthode d'observer les interactions d'un système mobile de deux couples de sphères de plomb dont les diamètres étaient respectivement de 2 et de 12 pouces. L'équilibre est défini par l'égalité du moment de rotation de l'équipage mobile et du moment de torsion du fil suspenseur. Pour faire correctement entrer en ligne de compte l'infime attraction entre les éléments de ce système, Cavendish a dû ménager d'immenses soins expérimentaux propres à éliminer toutes sortes de perturbations parasites. La valeur qu'il déduisit de cette expérience pour la densité terrestre, 5,45, est très proche de 5,52, aujourd'hui acceptée par la majorité des physiciens.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques GUILLERME : chargé de recherche au C.N.R.S.
Classification
Média
Autres références
-
DÉCOUVERTE DE L'HYDROGÈNE PAR CAVENDISH
- Écrit par Bernard PIRE
- 728 mots
L’article envoyé en mai 1766 par l’honorable Henry Cavendish (1731-1810) à la Royal Society, dont il est membre, décrit de façon magistrale la découverte d’un gaz léger s’échappant de certaines réactions chimiques : l’hydrogène. Ces travaux, publiés dans la livraison datée du 1...
-
AIR
- Écrit par Jean PERROTEY
- 2 154 mots
- 2 médias
Les expériences de Lavoisier furent effectuées en 1777. Treize ans plus tard, Henry Cavendish étudie dans un eudiomètre l'effet des étincelles électriques sur de l'air suroxygéné, les oxydes d'azote formés étant absorbés par de l'eau savonneuse. Cavendish constate, après élimination de l'oxygène en... -
CHIMIE - Histoire
- Écrit par Élisabeth GORDON , Jacques GUILLERME et Raymond MAUREL
- 11 186 mots
- 7 médias
...certaines déterminations purement techniques ; c'est parce que les chimistes ont pu opérer avec des instruments de verre que certains phénomènes décisifs ont été isolés et observés. Qu'on songe à la synthèse eudiométrique de l'eau parCavendish ou à la dissociation thermique de l'oxyde rouge de mercure. -
EAU, élément
- Écrit par Georges KAYAS
- 716 mots
Pour Thalès de Milet, le premier des physiologues ioniens, l'eau est le principe de toutes choses ; après lui, Empédocle d'Agrigente introduit quatre éléments : l'air, l'eau, la terre et le feu, qu'il appelle les quatre racines. Mais c'est surtout Platon...
-
ÉLECTRICITÉ - Histoire
- Écrit par Jacques NICOLLE
- 6 197 mots
- 11 médias
Les premières mesures sont dues à Henry Cavendish (1731-1810), en Angleterre, et à Charles Augustin Coulomb (1736-1806), en France. Ces deux savants différaient cependant dans leurs opinions. Cavendish envisageait la théorie du fluide unique et Coulomb celle des deux fluides. Cavendish imaginait un... - Afficher les 8 références