DU MONT HENRY (1610-1684)
Compositeur, organiste et claveciniste d'origine wallonne (il naquit près de Liège et vécut la majeure partie de sa vie à Paris, où il mourut), qui exerça une profonde influence sur la musique religieuse française. Son rôle dans ce domaine a pu être comparé à celui de Haydn dans celui de la symphonie et du quatuor à cordes.
Henry Du Mont fut d'abord enfant de chœur, avec son frère Lambert, à la collégiale Notre-Dame de Maëstricht (1621-1626). En 1630, il étudia à Liège la composition avec Léonard Collet de Haudemont (env. 1575-1636), en même temps que Lambert Pietkin (1613-1696), lui-même organiste à cette date de la cathédrale de Liège et avec qui il prit peut-être des leçons d'orgue. Cette même année, on le retrouve maître de chapelle et organiste de Notre-Dame de Maëstricht ; il céda ce dernier poste à son frère en 1632. Trois ans plus tard environ, il adopta la traduction française, Du Mont, de son nom d'origine, De Thier. Était-ce pour mieux s'établir à Paris, où il arriva, en effet, en 1638 ? En 1640, il occupe la fonction d'organiste dans la paroisse des rois de France, l'église Saint-Paul, où il exercera jusqu'à sa mort. En 1652, il entre au service du duc d'Anjou, frère de Louis XIV, comme organiste et claveciniste. L'année suivante, il se marie avec Mechtilde Loyens, fille du bourgmestre de Maëstricht. En 1660, il est claveciniste de la reine Marie-Thérèse d'Autriche et, treize ans plus tard, il est nommé maître de la Musique. Auparavant, en 1663, il avait obtenu l'un des quatre postes de sous-maître de la Chapelle royale, succédant à Jean Veillot (1610 env.-1662 env.) ; en 1672, il est nommé compositeur de la Chapelle royale. Après la mort de sa femme, il avait reçu, en 1667, un canonicat à Saint-Servais de Maëstricht ; Louis XIV lui confie en outre les importants bénéfices de l'abbaye de Silly.
Mis à part quelques œuvres profanes de faible importance (chansons, pièces instrumentales), Du Mont a composé avant tout pour l'église. Sa formation musicale était complète quand il arriva à Paris. À Liège, l'influence italienne était forte, et il convient de remarquer qu'à Paris même, avant la toute-puissance de Lully, on pouvait entendre à la Cour, par exemple, du Carissimi. Du Mont développe le style du petit motet, dont il est presque le créateur, à côté d'Antoine Boesset et André Péchon (maître de chapelle de Saint-Germain-l'Auxerrois). Citons les Cantica sacra II, III et IV cum vocibus tum instrumentis modulata (1652), les Meslanges à 2, 3, 4 et 5 parties avec la basse continue, contenant plusieurs chansons, motets, magnificats, préludes et allemandes pour orgue et pour les violes, et les litanies de la Vierge (1657), ainsi que la Troisième Partie adjoustée aux Préludes des meslanges (1661), des Airs à 4 parties sur la paraphrase des Psaumes (1663), des Motets à 2 voix avec la basse continue (1668), des Motets à 2, 3 et 4 parties pour voix et instruments avec la basse continue (1681).
Même s'il n'a pas été le premier à utiliser en France le continuo, ce sont ses œuvres qui, les premières, furent imprimées avec cette technique d'écriture, dont il généralise l'emploi. Avec les vingt grands Motets à deux chœurs pour la chapelle du roy (1686, publiés à titre posthume sur ordre exprès du roi), Du Mont inscrit son nom dans les rangs de l'école versaillaise commençante ; en cela, il poursuit les efforts de N. Formé et de J. Veillot, dans une ligne parallèle à celle de Lully et de Pierre Robert (1618-1699). Ces œuvres comportent des symphonies d'ouverture, ordinairement en forme d'allemande ; l'écriture est toujours contrapuntique et n'obéit pas au verticalisme lullyste.
Un sens de la mesure et l'équilibre dans la forme autant que dans l'expression s'offre en modèle à ses successeurs[...]
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
Classification
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