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KING HENRY (1892-1982)

<it>Le Chant de Bernadette</it>, H. King - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le Chant de Bernadette, H. King

Avant de débuter au cinéma comme acteur vers 1912, Henry King avait participé à de nombreux spectacles de vaudeville et de théâtre itinérant. Il poursuivit son expérience de comédien jusqu'au début des années vingt, et se convertit à la réalisation en 1916. Cette première période « primitive » exalte essentiellement l'esprit pionnier américain. Le souci majeur d'Henry King était de reconstituer une atmosphère et d'établir les codes de narration les plus directs. Ce cinéma de la première période évoque celui de ses contemporains — Ince et Griffith. Un de ses films les plus connus, produit par la compagnie qu'il avait créée avec l'acteur Richard Barthelmess, reste Tol'able David en 1921. Puis il affirme son statut de réalisateur avec des œuvres telles que Romola et surtout la première version de Stella Dallas en 1925. Sa vision de la communauté américaine se retrouve dans la plupart des films réalisés sous la bannière de la 20th Century Fox. Darryl Zanuck lui signe un contrat au début des années trente. Parmi les films les plus célèbres de cette époque, citons State Fair (1933), qui connaît deux nouvelles versions respectivement en 1945 et en 1962 ; L'Incendie de Chicago (1938), qui lui permet de développer des situations dignes des epics les plus célèbres du cinéma hollywoodien, sans négliger les rapports au sein d'une communauté, élément essentiel de ses films. La même année, avec les mêmes acteurs — Tyrone Power et Alice Faye —, il tourne Alexander's Ragtime Band, titre d'une chanson d'Irving Berlin. Henry King reste encore fidèle à Tyrone Power dans une autre production historique, Jesse James (1939), avec également Henry Fonda. Parmi ses films des années trente, il serait injuste de ne pas mentionner Ramona (1936), Lloyds of London (1936) et Chad Hannah (1940). Au cours de la décennie suivante, il alterne films d'aventures à budget honnête (The Black Swann, 1942) et superproductions comme Le Chant de Bernadette (1943), qui fut particulièrement distingué lors de la remise des oscars. En 1944, Wilson ne connaît pas le même sort. Heureusement, Capitaine de Castille (1947) — toujours avec Tyrone Power — dissipe cet échec : ce film, tourné avec des couleurs flamboyantes, se situe au carrefour de plusieurs genres cinématographiques. King aimait aussi réaliser des œuvres plus intimistes, telles que Un homme de fer (1949) et surtout un western cher aux cinéphiles, La Cible humaine (1950), avec Gregory Peck, qu'il retrouve dans Bravados (1958). Son association avec cet acteur se révèle particulièrement fructueuse, avec David et Bethsabée (1951) et Les Neiges du Kilimandjaro (1952). Il réadaptera Hemingway en 1957 dans une production ambitieuse et attachante, Le soleil se lève aussi, où il réunit quelques-uns des interprètes chers à son univers : Tyrone Power, Errol Flynn, Ava Gardner.

Le système de production subit une profonde modification dans les années cinquante ; King réalisera encore quelques grands succès de la firme Fox : La Colline de l'adieu (1955), grandiose mélodrame avec Jennifer Jones et William Holden ; Carrousel (1956), version musicale du Liliom de Fritz Lang ; Un matin comme les autres (1959), sans oublier sa dernière adaptation littéraire, Tendre est la nuit (1962) d'après Fitzgerald, où il retrouve la comédienne Jennifer Jones.

Henry King aura prouvé, tout au long de sa prolifique carrière, la force d'une certaine conception du cinéma américain : des acteurs « physiques » mis au service d'un art impeccable de la narration et dirigés par un réalisateur-auteur soucieux de travailler au sein des meilleures équipes de techniciens.

— André-Charles COHEN

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<it>Le Chant de Bernadette</it>, H. King - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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