LABROUSTE HENRY (1801-1875)
Architecte français, Henry Labrouste a introduit avec autorité l'emploi du fer et de la fonte dans les édifices les plus nobles. Après de brillantes études au collège Sainte-Barbe, Labrouste est admis à l'École nationale des beaux-arts en 1819. Il suit les cours d'architecture de Le Bas et de Vaudoyer père. Il est successivement lauréat du prix départemental (1823) et du grand prix de Rome (1824). Pendant son séjour romain, il se lie d'amitié avec Félix Duban, Léon Vaudoyer et Duc qui lui font connaître les théories fonctionnalistes de Jean Nicolas Louis Durand, professeur d'architecture à l'École polytechnique. Son travail de cinquième année (1829), la restauration des temples de Paestum, provoque une vive émotion dans les milieux de l'Académie. Il restitue, pour les temples, une structure en contradiction avec les travaux de ses prédécesseurs et propose une décoration polychrome. Il est soutenu avec chaleur par Horace Vernet qui offre sa démission de directeur de l'Académie de France à Rome (1830).
Cette querelle contre l'Académie rejette Labrouste, très respectueux de l'Antiquité, dans le clan des romantiques. Les élèves de l'École des beaux-arts, en rébellion, lui demandent d'ouvrir un atelier. Pendant un quart de siècle (1830-1857), Labrouste va inculquer à ses élèves l'idée que l'architecture est l'« art de bâtir », qu'il est nécessaire d'adapter les formes et le décor au programme. Cette même querelle éloignera le jeune architecte des grands travaux. Pendant près de dix ans, il n'aura que des postes de second ordre. Il prend part à de nombreux concours : ses projets audacieux seront souvent couronnés, mais les commandes ne suivront jamais. C'est le cas de l'hospice d'aliénés de Lausanne, et de la prison d'Alexandrie (Italie). Inspecteur des fêtes sous Alavoine, il est chargé, en 1840, d'organiser avec Visconti le retour des cendres de l'Empereur. On lui demande, en 1838, un projet pour une nouvelle bibliothèque Sainte-Geneviève. Le terrain est exigu pour les exigences du programme. Labrouste propose un édifice à structure métallique non camouflée, entourée d'une enceinte de style traditionnel. Il étudie très attentivement le fonctionnement de la bibliothèque. La construction est réalisée de 1843 à 1850. C'est un succès. Labrouste succède alors à Visconti comme architecte de la Bibliothèque nationale (1854) qui a besoin d'être agrandie et rénovée. Il conçoit une salle et des magasins métalliques. Mais il montre son habileté dans l'aménagement et la restauration des hôtels anciens qui composent l'ensemble. Nommé architecte du diocèse de Rennes, il construit le séminaire de la ville, où il déploie beaucoup d'ingéniosité et d'économie dans les procédés de construction. Labrouste construit aussi un certain nombre d'hôtels parisiens dans des styles historique (hôtel Fould, 1858 ; hôtel Vilgruy, 1860), ou moderne (hôtel Thouret).
Bibliographie
C. Bélier, B. Bergdoll& M. Le Cœur dir., Labrouste 1801-1875, Architecte. La structure mise en lumière, catal. expos., Éditions Nicolas Chaudun-Cité de l'architecture et du patrimoine-The Museum of modern Art de New York-Bibliothèque nationale de France, Paris, 2012
C. Vendredi-Auzanneau& A. Colas, Visions, Bibliothèque Sainte-Geneviève, catal. expos., Paris, 2002
P. Saddy, Henri Labrouste : architecte : 1801-1875, catal. expos., Caisse nationale des monuments historiques et des sites, Paris, 1977.
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Écrit par
- Renée PLOUIN : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
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