PURCELL HENRY (env. 1659-1695)
Musique profane et musique religieuse
Sa courte vie n'a pas empêché Purcell de laisser une œuvre importante, qui comprend un opéra proprement dit et cinq « pseudo-opéras », quarante-trois musiques de scène, vingt-cinq odes et welcome songs, dix cantates profanes, soixante-huit anthems, trois services, quarante-deux airs spirituels, cent cinquante-deux airs à une, deux et trois voix et basse continue, cinquante-trois catches (chansons), sans compter des fantaisies et sonates pour instruments à cordes et quelques compositions pour clavecin et orgue.
Œuvres instrumentales
Il est curieux que Purcell, organiste et claveciniste de métier, n'ait à peu près rien écrit pour les instruments à clavier et que ses Suites pour le clavecin aussi bien que ses Voluntaries pour l'orgue ne représentent que des pages de peu d'importance dans son œuvre. C'est aux violes qu'il consacrera son premier chef-d'œuvre, ses fantaisies écrites, d'après les dates que porte le manuscrit autographe (British Museum, Add. 30930), du 10 juin au 31 août 1680. Depuis la fin du xvie siècle, la fantaisie, ou fancy comme on l'appelait en Angleterre, jouissait d'une grande popularité dans ce pays où la musique de chambre était pratiquée par de nombreux groupes d'amateurs. Le compositeur pouvait y donner libre cours à son imagination et développer un simple fragment thématique, au moyen de tous les procédés de contrepoint, en d'ingénieuses combinaisons pour le plaisir des exécutants qui devaient surmonter les difficultés de leur propre partie tout en restant conscients de la marche de l'ensemble. Ce genre commençait cependant à passer de mode et les fantaisies de Purcell sont les dernières qui furent écrites pour un ensemble de violes, instrument qui perdait du terrain devant le plus brillant violon. Désormais, avec l'avènement de la basse continue et les genres nouveaux de musique instrumentale venus d'Italie, c'est un style bien différent qui envahit l'Angleterre et Purcell se tourne vers le genre plus moderne de la sonate à trois, confiant à Playford ses Twelve Sonnatas of Three Parts (1683), pour deux violons et basse, qui marquent un nouveau point de départ dans sa création. Deux ans après sa mort, en 1697, devant le succès remporté par ces sonates, sa veuve publiera un second volume de Ten Sonnatas in Four Parts, parmi lesquelles la célèbre Golden Sonnata, qui est une chaconne plutôt qu'une véritable sonate, puisque édifiée sur une basse immuable. L'influence italienne (revendiquée dans la préface au premier volume par Purcell lui-même) s'allie au style de tradition anglaise des fantaisies pour faire de ces sonates des créations typiquement « purcelliennes », car si elles adoptent la forme de la sonate d'Église telle que la pratiquait Corelli, Purcell ajoute au climat noble et serein du musicien italien ce que son contemporain Roger North qualifiait de « l'air anglais des sonates de Purcell », caractérisé surtout par l'emploi expressif du chromatisme et une harmonie aux inflexions inattendues qui touchent directement le cœur.
Œuvres vocales
C'est avant tout par ses œuvres vocales que Purcell avait gagné l'admiration de ses contemporains et, par leur nombre, elles occupent en tout cas la place la plus importante dans l'ensemble de son œuvre. Il est vrai qu'il y était porté non seulement par ses goûts personnels (étant lui-même un chanteur réputé), mais encore par ses obligations de musicien officiel, attaché à la fois à la cour et à l'Église.
Pour l'Église, Purcell a composé quelques services et surtout de nombreuses anthems, certaines suivant la tradition a cappella, tandis que d'autres, adoptant la forme de verse-anthems, font intervenir des ariosi pour une ou deux voix avec basse continue et quelquefois aussi une introduction et[...]
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Écrit par
- Nanie BRIDGMAN : conservateur à la Bibliothèque nationale
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Médias
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