VAN DE VELDE HENRY (1863-1957)
Vers une sobriété de l'esthétique
Après un passage en Suisse pendant la guerre, Van de Velde s'installe en 1920 à La Haye, où il travaille plusieurs années pour la famille Kröller-Müller. Le projet (non réalisé) de musée d'art moderne sur le site d'Hoenderloo (1921-1929) le conduit à développer sa pensée sur la monumentalité, les lois de composition et l'intégration du bâtiment dans son environnement. Van de Velde construit plusieurs édifices industriels et administratifs aux Pays-Bas, tout en s'essayant à la construction préfabriquée (maison « De Tent » à Wassenaar, 1920-1921). À son retour en Belgique, en 1926, il est invité à fonder l'Institut supérieur des Arts décoratifs, installé dans l'abbaye de La Cambre à Bruxelles. Jusqu'à sa mort en 1957, cette institution sera le lieu d'un constant débat sur l'architecture et son enseignement.
Les villas qu'il construit à cette époque, notamment la sienne à Tervuren (1927-1928), affichent une grande sobriété de lignes et de volumes ; cette simplification du langage se confirme avec la bibliothèque de l'Institut d'histoire de l'art de l'université de Gand (1932-1936), qui apparaît à cet égard comme un aboutissement. Il en est de même du musée Kröller-Müller d'Otterlo (1936-1938) où Van de Velde, bien loin de son projet pour Hoenderloo, renonce désormais à tout effet de monumentalité au profit d'une savante présentation des œuvres. Les pavillons de la Belgique aux Expositions internationales de Paris (1937) et New York (1939) sont les deux derniers témoignages de cette période.
Entre 1935 et 1943, Van de Velde est chargé de contrôler l'esthétique des constructions de la Société nationale des chemins de fer, puis est nommé conseiller général pour l'architecture en vue de la reconstruction de la Belgique, fonction qu'il occupe de 1940 à 1943. Il se retire en Suisse et, à partir de 1948, rédige ses mémoires. Inachevé à sa mort, en 1957, ce texte demeure – nonobstant son caractère inévitablement partisan – l'un des plus précieux témoignages laissés par un architecte sur son travail et sur son époque.
Henry Van de Velde laisse derrière lui une œuvre considérable, dont les qualités plastiques ne laissent pas de fasciner. Référence pour des générations d'architectes, cet artiste a pourtant douloureusement vécu la transition d'un temps propice à l'œuvre d'art totale vers celui d'une incontournable maîtrise technique de la construction.
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Écrit par
- Simon TEXIER : professeur, université de Picardie Jules-Verne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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