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STAẒEWSKI HENRYK (1894-1988)

La mort du peintre Henryk Stażewski clôt une époque de l'art polonais : avec lui disparaît le dernier créateur de l'avant-garde artistique. À quatre-vingt-dix ans passés, il continuait à symboliser l'intransigeance d'un peintre moderniste. Lors de ses études qu'il termina en 1920, à l'École des beaux-arts de Varsovie, Stażewski était déjà très proche des jeunes artistes à la recherche des nouveaux moyens d'expression. Il exposa ses premières natures mortes déformées avec les « formistes » et les expressionnistes polonais. De sa rencontre avec M. Szczuka et W. Strzeminski naquit le premier groupe constructiviste Blok fondé en 1924. Cette date marqua le début du vif intérêt de Stażewski pour l'art abstrait. Il formula alors les principes théoriques de la peinture géométrique, abstraite, auxquels il resta fidèle jusqu'à la fin de ses jours.

En 1926, le groupe Blok disparaît et une nouvelle avant-garde se réunit autour de la revue Praesens, qui soulignait l'importance des relations entre la nouvelle plastique et l'architecture. Stażewski fut cofondateur de ce groupe et participa à l'élaboration de son programme. Puis, au début de 1930, il créa avec W. Strzemiński et K. Kobro, le groupe a.r. (artistes révolutionnaires) qui réunissait des peintres et des poètes.

Dans ses tableaux de l'entre-deux-guerres, dominés par les formes géométriques et abstraites ainsi que par les couleurs pures et contrastées, Stażewski chercha les lois de composition plastique qui devaient correspondre aux lois universelles de la construction du monde.

Dès 1927, il entretenait un contact, amical et direct, avec des artistes de l'avant-garde européenne. Pendant ses nombreux séjours à Paris, il collabora, entre autres, avec P. Mondrian, G. Vantongerloo, M. Seuphor. À cette époque, il réunissait les œuvres d'art offertes par les artistes de l'avant-garde européenne qui devaient former la première collection publique d'art abstrait, créée à l'initiative du groupe a.r. à Łódź (actuellement musée d'Art).

Stażewski appartint aussi aux groupes parisiens Cercle et Carré et Abstraction-Création. En 1930, il écrivit dans la revue Cercle et Carré : « En dévoilant les proportions des formes et les relations arithmétiques des dimensions qui se cachent sous l'enveloppe extérieure de chaque chose, l'art nouveau a créé une nouvelle réalité sans objets. La technique, la science et l'art sont abstraits dans leur substance même. Leurs recherches ont un but direct et désintéressé : acquérir une nouvelle connaissance. » Pendant la Seconde Guerre mondiale, la quasi-totalité des tableaux de Stażewski brûla dans son atelier de Varsovie.

Après ces années de guerre et une tentative manquée de peinture réaliste, Stażewski revint à l'art abstrait dans la seconde moitié des années 1950. Il continua de s'intéresser à la possibilité de visualiser les lois de la civilisation contemporaine dans la peinture « rationnelle ». Dans cet esprit, il entreprit au début des années 1960 une nouvelle série de tableaux, connus sous le nom de Reliefs blancs où, disait-il, il n'y a que « le mouvement et l'espace, rien de plus. Ce qu'on appelle forme cesse d'exister ici... » Durant les dernières décennies, on put observer dans l'œuvre de Stażewski deux courants parallèles : linéaire et coloriste. Dans sa peinture, Stażewski reconstruisait la forme en la dotant de l'expression d'un vécu personnel. Derrière l'objectivisation géométrique, on peut percevoir une atteinte à l'ordre de la composition : signe qu'il mettait en doute l'existence d'une règle dans l'art.

— Andrzej TUROWSKI

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Bourgogne

Classification

Autres références

  • AVANT-GARDE EST-EUROPÉENNE

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    • 8 086 mots
    ...en 1923. Un an plus tard, le premier groupe constructiviste Blok s'organisait avec Katarzyna Kobro (1898-1951), Maria Nicz-Borowiak (1896-1944), Henryk Stạzewski (1894-1988), Władysław Strzemiński (1893-1952), Mirosław Szczuka (1898-1927), Teresa ̣Zarnower, et commençait à publier la revue du...