HÉPATITE C
Détection et transmission du VHC
Avant l’identification du virus, peu de signes pouvaient distinguer une hépatite C d’une autre hépatite virale. On a appris depuis que le VHC est à l’origine d’hépatites aiguës spontanément résolutives dans un tiers des cas. Le taux de chronicité est élevé, à environ 70 %, et explique qu’en 1999 environ 170 millions d’individus dans le monde étaient infectés de manière chronique. Le VHC est, au moins dans les pays industrialisés, l’une des causes principales de transplantation hépatique et de carcinome hépatocellulaire dont l’augmentation est prévue jusqu’à environ 2020 par modélisation, tendance confirmée par les données en vie réelle.
Les outils de détection et de suivi
Ces chiffres sont liés à la mise au point d’outils fiables de détection du virus. L’isolement, en 1988, par l’équipe de Michael Houghton, de l’ARN viral C complet à partir d’un fragment d’ADNc (complémentaire), a permis le développement rapide de tests diagnostiques reposant sur la détection d’anticorps anti-VHC et sur la détection de l’ARN viral.
Du côté de la sérologie, la sensibilité et la spécificité des tests sérologiques Elisa a été croissante, avec aujourd’hui une acuité diagnostique de près de 100 %. La seule limite est le délai de séroconversion du sujet (apparition des anticorps anti-VHC) après la contamination. Lors de l'infection VHC aiguë, la séroconversion est en effet le plus souvent retardée. Elle est détectée environ dix semaines après la contamination, mais peut être plus tardive encore chez les personnes immunodéprimées. La présence des anticorps anti-VHC témoigne d'une rencontre antérieure avec le virus, mais ne peut permettre de distinguer une guérison d’une infection active. Après guérison spontanée d'une hépatite aiguë C, les anticorps anti-VHC restent le plus souvent détectables en tant que cicatrice sérologique, mais pourront parfois disparaître avec le temps. Au contraire, la persistance de l'infection par le VHC, observée dans plus de 70 % des cas, est toujours associée à la persistance d'anti-VHC et au développement d'une hépatite chronique.
À l’inverse, la virémie (quantité de virus circulant dans le sang, ou charge virale) est détectable par amplification génique (RT-PCR puisque le matériel génétique du virus est de l’ARN) dans les quatre jours suivant la rencontre avec le virus. Le diagnostic d'une infection active par le VHC repose en fait sur cette seule technique. Elle permet en outre l'analyse de la séquence en nucléotides de nombreux isolats du VHC et donc des études phylogénétiques, le développement de techniques de génotypage de routine et l'analyse des contaminations interhumaines, notamment nosocomiales ou materno-fœtales. Différentes PCR quantitatives ont été développées permettant une mesure de la charge virale, généralement basse (environ 6 log UI/mL), valeur qui n'influe que peu sur le pronostic et sur les espoirs thérapeutiques dans le cadre des nouveaux traitements.
Parallèlement aux tests virologiques, des tests sérologiques d’identification de l’antigène de capside du virus, ayant une sensibilité et une spécificité comparables à la RT-PCR et moins onéreux, n’ont pas connu les développements attendus.
Modes de transmission du VHC
Le VHC a une transmission principalement parentérale, c'est-à-dire par contact avec le sang. Les infections nosocomiales (liées à l’activité médicale), notamment lors de transfusions sanguines ou d’autres soins médico-chirurgicaux pratiqués dans les années 1960-1989, en ont été la cause principale dans les pays du Nord (et le reste dans les pays en développement). En France, la présence des anticorps anti-VHC, révélateurs de la contamination par ce virus, est observée chez des patients ayant reçu des transfusions sanguines ou des produits[...]
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Écrit par
- Stanislas POL : professeur des Universités, praticien hospitalier, département d'hépatologie et d'addictologie, hôpital Cochin, Paris
- Anaïs VALLET-PICHARD : médecin, praticienne hospitalière, service d'hépatologie, hôpital Cochin, Paris
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