HÉPATITE C
Épidémiologie du VHC
La mortalité mondiale annuelle attribuable à l’ensemble des hépatites virales en 2015, est d’environ 720 000 décès par cirrhose et 470 000 décès par carcinome hépatocellulaire, en augmentation de 22 % depuis 2000. Parmi ces sujets, environ 400 000 meurent chaque année d‘une infection chronique par le VHC, dont les deux tiers par cirrhose, les autres par carcinome hépatocellulaire.
La prévalence mondiale du VHC est passée d’environ 170 millions de porteurs chroniques dans le monde en 1999 à 71 millions en 2017. Cette réduction est liée à l’accès, bien qu’encore minoritaire, aux traitements antiviraux, à la mortalité des sujets infectés et à la réduction des risques de contamination nosocomiale. On considère aujourd’hui que 1 % de la population mondiale est infectée par le VHC, les nouvelles infections atteignant 1,75 million en 2015. Ces dernières sont principalement liées aux lacunes de l’hémovigilance dans les pays en développement et à l’usage de drogues dans les pays développés et à économie intermédiaire. De plus, 2,3 millions de sujets sont co-infectés par le VIH et par le VHC, situation aggravante, comme on le verra plus loin.
Il existe des disparités régionales majeures de la prévalence puisque les pays les plus exposés sont l’Égypte ou la Mongolie avec, historiquement, 15 % de la population infectée. La contamination y a été principalement nosocomiale, liée à l’absence d’hémovigilance en Mongolie, ou au traitement systématique de la bilharziose sans matériel à usage unique en Égypte.
Les régions les plus touchées sont l’Afrique, l’Asie centrale et l’Asie. L’Afrique de l’Ouest ou l’Afrique centrale sont massivement infectées avec environ 5 à 8 % de la population contaminée, du fait des transmissions nosocomiales mais aussi de pratiques rituelles comme les scarifications. Dans les pays du Nord, la prévalence de l’hépatite C est inférieure à 1 %, en diminution constante ces vingt dernières années. À titre d’exemple, en France, la prévalence chez les assurés sociaux est passée de 1,2 % en 1996 à 0,83 % en 2004 (enquête de l’InVS sur environ 232 000 adultes) ; la projection la plus récente suggère une prévalence autour de 0,3 %, correspondant à 125 000 sujets adultes dont environ 40 % ignoreraient leur diagnostic.
Histoire naturelle de l’infection virale C
L'infection virale C est caractérisée par une hépatite aiguë survenant cinq à quarante-cinq jours après la contamination : si l’augmentation des transaminases hépatiques est constante (mais passe souvent inaperçue), l’ictère (jaunisse) n‘est présent que dans 20 % des cas. Il n’y a pas de forme fulminante de l’hépatite aiguë et le taux de guérison spontanée est de l’ordre de 20 à 40 % ; l'évolution vers la chronicité est donc observée dans 60 à 80 % des cas. Le taux de multiplication du virus C ne varie guère au cours de l'infection. Il n’y a donc pas d'espoir, comme avec le VHB, d'un arrêt spontané de la multiplication virale et par là même d'une fin de la maladie. Il n'y a pas de relation non plus entre l'importance de la charge virale et la sévérité des atteintes hépatiques.
Les patients ayant eu une hépatite aiguë C résolutive (c’est-à-dire ayant des anticorps anti-VHC mais plus de virus décelable par RT-PCR) sont guéris : aucune prise en charge diagnostique ou thérapeutique n’est nécessaire. Mais ils ne sont pas protégés du risque de réinfection en cas de réexposition à un virus d’un autre génotype, ce qui est survenu lors de transfusions répétées pour des maladies du sang dans les années 1970-1980 par exemple, mais surtout aujourd’hui chez les HSH ou usagers de drogues, avec des risques respectifs de réinfection de 25 % et 15 % à trois ans. Guérir de l’hépatite C ne confère en effet pas d’immunité protectrice définitive[...]
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Écrit par
- Stanislas POL : professeur des Universités, praticien hospitalier, département d'hépatologie et d'addictologie, hôpital Cochin, Paris
- Anaïs VALLET-PICHARD : médecin, praticienne hospitalière, service d'hépatologie, hôpital Cochin, Paris
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